Quarante ans après sa légalisation en France, le droit à l’avortement a progressivement fait sa place dans la société. À La Réunion, les Réunionnais ne voient pas forcément d’un bon œil le recours à l’IVG, et il ne s’agit pas d’une décision prise à la légère.
Solution ultime pour certaines, méthode de contraception pour d’autres, voire considéré parfois dans le jargon comme de confort, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est perçue de manière différente. Eva (prénom d’emprunt) est une jeune femme de 29 ans qui s’est retrouvée dans une situation l’ayant conduit à choisir cet acte pas anodin. Elle apporte son témoignage.
"Mon partenaire m’a dit qu’il ne savait pas quelle décision prendre, sous-entendant qu’il ne serait pas présent pour moi. Que si je gardais l’enfant, il allait grandir sans son père. J’ai déjà un enfant de 11 ans que j’élève toute seule".
Dans son rapport concernant l’analyse des bulletins statistiques d’interruption volontaire de grossesse de La Réunion en 2012, l’observatoire régional de la santé (ORS) de La Réunion met en avant plusieurs informations.
En 2012, on a dénombré 4 280 interruptions volontaires de grossesse à La Réunion.
La Réunion affiche un taux de recours à l’IVG de 19 pour 1 000 contre 10,5 pour 1 000 en Métropole. Soit près du double d’avortements dans notre département concernant des mineures, tout particulièrement les jeunes filles âgées de 15 à 17 ans.
Autre point marquant, 42 % des femmes qui ont réalisé une interruption volontaire de grossesse en 2012 avaient déjà eu recours à une IVG antérieurement. 14 % d’entre elles on déjà eu recours à au moins deux IVG.
Concernant les lieux où se déroulent ces opérations, les trois-quarts des IVG sont réalisées en milieu hospitalier. La plupart en hôpital ou clinique même si la part des IVG réalisées en cabinet de médecins généraliste a sensiblement augmenté.
La plus grosse part des interruptions volontaires de grossesse sont réalisées par technique médicamenteuse, à hauteur de 59 %, en constante augmentation depuis 2006, contre 41 % des IVG réalisées par anesthésie générale.