Un rapport de l’Inspection générale des Finances (IGF) préconise l’ouverture de certains médicaments à la concurrence. Les pharmaciens craignent pour la fréquentation des officines et pour le suivi de la santé des patients.
Le monopole des pharmaciens est dans le collimateur de l’Inspection générale des Finances. Un rapport de l’IGF préconise l’ouverture à la concurrence de certains médicaments.
Objectif : permettre aux Français de se procurer les médicaments, dont la prescription est facultative ou dont le remboursement n’est pas assuré, en grande surface.
"Ce projet nous a surpris profondément, commente Claude Marodon, directeur d’une pharmacie à la Trinité, nous sommes non seulement garants au niveau de la sécurité des médicaments, de la traçabilité, de la surveillance de leurs usages".
Les grandes surfaces souhaiteraient faire appel à des pharmaciens diplômés pour donner des conseils en rayons. Une disposition qui pourrait mettre en péril les officines de quartier.
"C’est toute l’organisation et la répartition géographiques des pharmacies sur le territoire, qui font qu’aujourd’hui elle se trouvent à proximité des lieux de vie", s’inquiète Claude Marodon.
Outre l’aspect financier, la surveillance de l’état de santé des patients est également problématique aux yeux de la profession. Conseils, contre-indications, effets secondaires, l’absence de suivi inquiète les pharmaciens.
Du côté des Réunionnais, l’idée divise."Ce n’est pas une super idée. Si on a besoin d’un avis, un expert peut nous conseiller. Des fois, on ne prend pas forcément le bon médicament", explique le client d’une pharmacie de quartier.
Certaines pathologies pourraient, aux yeux de certains clients, être traitées sans l’avis préalable d’un professionnel. "Pour les maux de gorge, moi-même j’utilise des produits naturels. Tout ce qui est miel, citron, huiles essentielles", indique une cliente. Elle nuance : "Pour certaines choses, ça peut être une bonne chose, mais pour d’autres, ça peut entraîner certaines personnes à consommer encore plus de médicaments".
Avec l’ouverture possible à la concurrence, l’automédication et ses dérives revient sur le devant de la scène. L’utilisation des produits de parapharmacie n’est pas toujours sans danger. Le public le plus à risque reste les enfants qui ne tolèrent pas toujours les huiles essentielles.
Le rapport préconise la mise en vente libre de médicaments comme le paracétamol. Un traitement banal qui n’est cependant pas sans risque. "Il se vend aujourd’hui par boîtes de 8 comprimés, ce qui correspond à la dose létale", prévient Fanny Goertz, pharmacienne.
Fin 2013, le gouvernement s’était positionné contre la vente de médicaments en grande surface. Ce rapport relance le débat, même si aucun projet de loi n’est encore au programme.