Le Conseil économique, social et environnemental de La Réunion (Ceser) a dressé ce mardi un rapport accablant sur la situation et la gestion du diabète à La Réunion. Dans l’île, la maladie touche 80 000 personnes et est responsable de 250 morts chaque année.
Le diabète, ce fléau qui touche La Réunion. Le sujet revient régulièrement sur le devant de la scène. 80 000 malades, 1 500 amputations et 250 décès chaque année... Les chiffres sur la maladie révèlent des problèmes de fond que les différentes instances compétentes ont encore du mal à expliquer.
Afin de mieux cerner l’impact du diabète dans l’île - région deux fois plus touchée par la maladie qu’en métropole - le Ceser (Conseil économique, social et environnemental de La Réunion), a présenté, mardi 27 mai, un rapport en Assemblée plénière. Le document a été adopté à l’unanimité.
Intitulé "Comment transformer un cercle vicieux en, cercle vertueux", le document cible les points à explorer et à améliorer dans la gestion de la maladie, notamment en ne se cantonnant pas uniquement au curatif.
Première lacune pointée du doigt : le manque de prévention. Le diabète est une pathologie liée au mode de vie. Alimentation non-équilibrée riche en sucres et absence d’activité sportive sont deux facteurs principaux de la maladie.
Le diabète est également héréditaire, d’où la nécessité de sensibiliser la population. Les auteurs du rapport ont interpellé les politiques sur la question.
Pour Max Banon, les maires ont "une responsabilité concernant la santé publique" dans leur commune. Le président des affaires sociales ajoute : "Il y a des gestes à faire, il y a des précautions à prendre". Il préconise une prévention mise en place par l’Education nationale, "de la maternelle à l’université". "Dans la population elle-même, il y a des décisions politiques à prendre", commente-t-il.
Le rapport met aussi en lumière le poids des lobbies sucriers et industriels. Le document les met en cause dans le blocage de l’application de la loi Lurel, sur les taux de sucre dans la composition des produits manufacturés.
Un "crime" contre la population
"C’est eux qui ont déclaré la guerre", dénonce Théodore Hoarau. Pour le président de la Mutualité de La Réunion et membre du bureau du Ceser, les industriels "surdose sciemment" les produits, notamment ceux utilisés pour l’alimentation des enfants. "C’est un crime contre la population réunionnaise", clame-t-il.
Les industriels se défendent d’exercer une quelconque pression. Les lobbies, en revanche, sont omniprésents. Les associations de lutte contre le diabète bénéficient souvent d’aides provenant des grands groupes.
"On s’est aperçu que l’Association française du diabète est financée par la fondation Coca-Cola", critique Philippe Doki-Thonon. Le président de l’association Diabétique nutrition 974 - qui évolue d’ailleurs de manière autonome pour cette raison - considère qu’il est "contraire" aux démarches menées localement d’adhérer à ce type d’associations.