Ce samedi et ce lundi, les douanes de Gillot ont intercepté deux mules qui transportaient 5881 grammes de résine de cannabis et plus de 6000 cachets d’ecstasy. Les deux mules ont été condamnées à de lourdes peines, ce 25 aôut.
Le premier à se présenter, ce mercredi, à la barre du tribunal regarde le sol constamment. Il répond par des "Oui Madame" aux questions de la présidente du tribunal. "Aujourd’hui, il a honte, avance son avocate Me Valérie Yen Pon. Il a été manipulé par une personne qu’il connaît depuis son enfance et qui a utilisé la religion en le recrutant à la mosquée ". Le prévenu évoque "un gros dérapage". "Si j’avais su qu’il y avait ces cachets dans la valise, je l’aurais laissée à l’aéroport", précise le père de famille. Durant l’audience, l’homme condamné à une reprise dans le passé pour un délit routier, reconnaît être parti pour ramener de la drogue à La Réunion, en l’occurrence de la résine de cannabis.
En échange de 2000 €, le Saint-Andréen au chômage, après avoir été approché par un certain Mohamed à La Réunion, a rejoint la métropole avec une promesse d’embauche pour un emploi dans la restauration à Nanterre. Seulement, ce contrat de travail est un alibi pour pouvoir quitter l’île. Arrivé en métropole, il communique avec un "Monsieur H." par le biais d’une messagerie utilisée par les trafiquants. "Toutes les instructions sont données par lui. Il fait tout pour qu’on ne puisse pas l’identifier", explique le père de famille. De l’argent lui est déposé à son hôtel, à Montreuil. Avant de quitter la métropole, une valise avec des sacs thermo-soudés cachés dans les tissus. Sur notre île, les douaniers de l’aéroport de Roland-Garros passent le bagage aux rayons X, ce 23 août, et découvrent des masses sombres. Au total, 6 418 cachets d’ecstasy sont retrouvés. Une marchandise estimée entre 128 000 € et 192 000 € à la revente.
Pour la procureure, le prévenu a fait "le mauvais choix". "Il savait qu’il revenait avec des stupéfiants, pas lesquels ni la quantité. Néanmoins, c’est un maillon essentiel dans ce trafic. C’est une personne qui se fiche de la santé d’autrui et préfère l’argent facile", souligne la représentante de la société qui requiert une peine de 4 ans dont deux avec sursis.
Le second à être jugé pour un trafic de stupéfiants est un jeune homme de 29 ans. En provenance de Mayotte, ses valises seront aussi passées sous les rayons X par les douaniers. Dans trois Playstation 3, 60 savonnettes sont dissimulées contenant au total 5861 grammes de résine de cannabis. Une marchandise estimée à plus de 58 610 €. À la différence du prévenu, il affirme ne pas s’être "douté "une seconde de la présence de drogue dans son bagage. Au nom de l’entraide mahoraise, il accepte de rejoindre La Réunion pour récupérer des maillots de football et les ramener ensuite à Mayotte. Seulement, au dernier moment, des valises lui sont remises à l’aéroport. D’après ses dires, il affirme penser transporter des brèdes manioc. Des explications qualifiées de "farfelues" par la procureure Cécile Hénoux qui estime que le prévenu fait preuve de "mauvaise foi". "Accepter de transporter des valises sans vérifier ce qu’il y a l’intérieur m’interpelle", avance la parquetière.
Son avocate parle d’un "formatage". "Il a grandi dans les quartiers nord de Marseille. C’est un formatage dès son plus jeune âge", précise Me Valérie Yen Pon. S’il ne veut rien dire de plus aujourd’hui, c’est qu’il a peur de représailles. S’il ne veut rien dire, ce n’est pas un manque de respect. Il est conditionné comme ça".
Les deux trafiquants ont été condamnés à de lourdes peines. La mule de Saint-André écope d’une amende douanière de 64 000 € et de 4 ans de prison dont 2 assortis d’un sursis simple. La seconde mule est condamnée a été condamnée à 3 ans ferme et 58 000 € d’amende douanière. Sous escorte des forces de l’ordre, ils sont partis directement à la prison de Domenjod pour purger leur peine.