Le cumul des mandats a encore de beaux jours devant lui. Sur 24 maires, ils sont 22 à briguer un nouveau mandat. 16 se présentent à la Région, 12 au Département... et 6 aux deux assemblées !
Il faut croire qu’ils s’ennuient tous ces maires, à gérer leurs communes. Moins d’un an après le second tour des municipales, la quasi totalité se sont jetés bille en tête dans la bataille des régionales et des départementales. Comme si la joute électorale leur manquait. Le tour d’horizon est particulièrement édifiant. Sur 24 maires, ils sont 22 à briguer un nouveau fauteuil : 12 au Palais de la Source, 16 à la Pyramide inversée. On en recense même 6 qui se présentent aux deux assemblées.
Cette donne n’a certes rien de nouvelle ; en particulier au Département, où les maires ont toujours été très présents. Pour se justifier, les élus invoquent la nécessité de peser sur les décisions du territoire, potentiellement lourdes de conséquences pour leurs administrés. Mais l’ampleur du phénomène interroge. Surtout après les Gilets jaunes, où il a beaucoup été question de moralisation. « Un homme, un mandat, une fonction », promettait alors le président sortant, Didier Robert. Deux ans et demi plus tard, sa liste compte 8 maires, une députée (Ramassamy), un sénateur (Lagourgue) et une ribambelle de conseillers municipaux.
Il ne faut pas sous-estimer le potentiel de désorganisation pour les communes, de ces échéances électorales. Un maire en campagne, ce sont des dossiers qui s’enlisent, des parapheurs qui s’entassent, bref, une gestion moins fluide pour les affaires de la commune. En pleine crise sanitaire, est-ce bien raisonnable ?
Cette année, seuls Juliana M’Doihoma et Maurice Gironcel, respectivement maires de Saint-Louis et Sainte-Suzanne ont fait le choix de ne pas se représenter devant les électeurs les 20 et 27 juin prochains. La première n’a donné aucune consigne pour la Région. Le second a placé sa fille en 9e position sur la liste d’Ericka Bareigts.
Pour tous les autres, la chasse aux mandats est ouverte. Si on a beaucoup parlé des cinq maires têtes de listes (Ericka Bareigts, Huguette Bello, Olivier Hoarau, Patrick Lebreton, Vanessa Miranville, qui devront renoncer à leur mandat en cas de victoire), ils sont en réalité 16 à se présenter aux régionales, dont 12 en position éligible (voir la liste plus bas). C’est sur la liste Robert qu’ils sont le plus nombreux : 8 au total, contre 3 pour Bello et 2 pour Bareigts. Le président sortant est également en pôle position des soutiens avec 12 maires supporters contre 2 pour Bello et 3 pour Bareigts. Seuls deux maires ne soutiennent aucune liste : Juliana M’Doihoma, donc, et Bachil Valy, qui aborde cette campagne en mode silencieux, alors qu’il est le représentant local de La République en marche.
L’engouement est à peine moins prononcé pour le conseil départemental, où ils sont 12 à briguer un fauteuil : 8 comme titulaires et 4 comme suppléants (voir la liste plus bas). On assiste même à une bataille de ceintures tricolores dans le premier canton, où le maire de L’Etang Salé, Jean-Claude Lacouture affronte celui des Avirons, Eric Ferrère. Tous deux soutiennent pourtant Didier Robert. La situation est beaucoup plus apaisée, dans le canton voisin, le n°14, où les maires de Saint-Leu et de Trois-Bassins sont parvenus à s’entendre sur un ticket avec Bruno Domen comme titulaire et Daniel Pausé suppléant.
Ce dernier pourra se consoler avec un mandat de conseiller régional, en cas de victoire de Didier Robert. Il fait en effet partie des 6 maires qui se présentent aux deux scrutins... Dans les faits, aucun maire ne pourra siéger dans les deux assemblées ! S’ils venaient à cumuler trois mandats (maire, conseiller départemental et régional), la loi les obligerait à renoncer au plus ancien. Celui de maire, donc. Résultat : ceux qui bénéficient d’une place éligible à la Région, comme Patrick Lebreton, Johnny Payet ou Daniel Pausé se présentent aux départementales comme suppléants. Ceux qui y vont comme titulaires (Olivier Rivière et TAK) figurent en toute fin de liste au scrutin régional.
A noter, le cas particulier de Joé Bédier, qui se présente aux deux élections , certes, mais comme suppléant dans son canton et en position inéligible sur la liste Bello. Pour lui, il n’y aura sans doute pas de cumul. Un engagement pris auprès de ses électeurs. Dans ce paysage, ce genre d’attention fait plutôt figure d’exception.
- Guillaume KEMPF
Départementales 2021 :
12 maires candidats :
- 8 titulaires : Jean-Claude Lacouture (canton 1 - Etang Salé), Eric Ferrère (canton 1 - Etang Salé), Jeannick Atchapa (canton 6 - Saint André 3), Olivier Rivière (canton 8 - Saint-Benoît 2), Bruno Domen (canton 14 - Saint Leu), Bachil Valy (canton 15 - Saint-Louis 2), Serge Hoareau (canton 22 - Saint-Pierre 3) et André Thien Ah Koon (canton 25 - Le Tampon 2)
- 4 suppléants : Johnny Payet (canton 7 - Saint-Benoit 1), Daniel Pausé (canton 14 - Saint Leu), Joé Bédier (canton 5 - Saint-André 2) et Patrick Lebreton (canton 13 - Saint-Joseph)
Régionales 2021 :
16 maires candidats :
- 5 maires tête de liste : Ericka Bareigts, Huguette Bello, Olivier Hoarau, Patrick Lebreton, Vanessa Miranville
- 8 maires sur la liste Robert (dont 5 éligibles) : Michel Vergoz (7e), Richard Nirlo, (15e), Johnny Payet, (17e), Daniel Pausé, (19e), Stéphane Fouassin (25e), Olivier Rivière (41e), André Thien Ah Koon (45e), Michel Fontaine (47e)
- 3 maires sur la liste Bello (dont 2 éligibles) : Huguette Bello (1e), Jacques Técher (6e) et Joé Bédier (46e)
- 2 maires sur la liste Bareigts (tous éligibles) : Ericka Bareigts (1e) et Patrice Selly (4e)
- 12 maires soutiennent Didier Robert (les colistiers + Jeannick Atchapa, Jean-Claude Lacouture, Éric Ferrère et Bruno Domen), 3 Ericka Bareigts (Patrice Selly, Maurice Gironcel et Serge Hoareau), et 2 Huguette Bello (Jacques Técher et Joé Bédier).