Dans un tribune, Patrick Lebreton, candidat aux élections régionales revient sur sa position sur le rail à La Réunion.
La problématique des transports et des déplacements occupe une place importante dans les propositions des candidats aux régionales. Plusieurs solutions ont été débattues, notamment celle d’une voie ferrée. Sur ce sujet, la raison s’emballe autour la faisabilité technique et financière. On a même entendu la comparaison des coûts d’un TER – Train Express Régional, avec ceux d’un TGV qui coûterait pour sa part 5 millions d’€/km. Soyons raisonnables, comparons ce qui est comparable !
La topographie de notre île a peu de choses à voir avec les plaines de la Beauce et de la Brie. On annonce aujourd’hui 400 millions d’euros pour le projet TAO qui concerne 13 km et 18 stations, pour une vitesse de 20 km/heure, rappelons-le ! Pour le run rail, 300 millions d’€ seront nécessaires pour 10 km. On le voit bien : on est autour de 30 millions d’€ le km de rail.
Le linéaire en fer à cheval qui relierait Saint-Benoît à Saint-Joseph, en passant par Saint-Denis, fait environ 150 km. Au minimum, sans ouvrages d’art et sans autres équipements, on est à 4,5 md €. Mais on le sait, cet itinéraire n’est pas de tout repos : il traversera de nombreuses ravines qui nécessiteront inévitablement des ouvrages d’art impressionnants et coûteux, non pris en compte ici. Il ne pourra pas emprunter la Route des Tamarins qui n’a pas été calibrée pour accueillir des voies ferrées. Il va falloir procéder à de nombreuses acquisitions foncières. Cela va prendre énormément de temps, surtout en cas d’expropriations.
Quand on parle d’un transport ferré, il ne s’agit pas de financer seulement les rails : il faut aussi financer plusieurs rames, de nombreuses stations, le renforcement du réseau électrique, les accès aux stations, les parkings relais équipés aux entrées de ville pour permettre l’intermodalité… Tout cela a un coût, sans compter ici le fonctionnement de cet équipement et son entretien. On se rapproche déjà des 6 md €.
Avec l’augmentation en cours des matériaux, et qui va s’amplifier, aucun candidat crédible ne peut s’engager sur le maintien ferme et définitif de tels coûts. On rappelle que la Route des Tamarins, qui avait un coût prévisionnel de 635 millions d’€, a coûté finalement 1,3 md €, soit plus du double. La NRL, évaluée initialement à 1,6 md €, coûtera au final 2,5 md €, soit un surcoût de près de 60 %. Le projet de voie ferrée est un chantier d’une grande ampleur. Les éléments de comparaison ci-dessus montrent bien que son coût final sera largement au-delà des 6 md €. Je pense raisonnablement qu’il pourrait se rapprocher des 9 md €. D’où ma déclaration dans le débat.
Je réaffirme ces chiffres : il faudra aller chercher entre 6 et 9 md d’€ pour la réalisation de ce projet. Telle est la réalité des choses. Parlons sérieusement, en candidat réaliste et responsable : cette voie ferrée est nécessaire ! Elle s’inscrit cependant dans le moyen et long terme et ne doit souffrir d’aucune démagogie à ce stade.