Hier soir, le président Emmanuel Macron a annoncé la suppression de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et son remplacement par un nouvel établissement : l’Institut du service public (ISP).
Le chef de l’Etat évoque "une révolution profonde en terme de recrutement".
L’ISP est une école "plus ouverte à la diversité". Ce remplacement de l’ENA ouvre la haute fonction publique à des profils plus variés.
"Alors que le pays est sous le coup du confinement généralisé à l’ensemble du territoire national, le Président Macron annonce la suppression de l’ENA (Ecole Nationale de l’Administration), l’une des plus prestigieuses école de France, celle qui l’avait pourtant formée dans ses jeunes années. Quelle forme d’ingratitude, mais le plus grave est de croire ou de faire croire aux Français dont notamment à toutes celles et à tous ceux qui étaient sur les ronds-points lors de la crise des Gilets Jaunes, qu’en supprimant l’ENA, toutes les problématiques et toutes les difficultés rencontrées par les populations locales dans nos territoires disparaîtraient de ce seul coup de baguette magique. Je trouve que cette mesure telle que voulue par le Président de la République est tout simplement démagogique voire populiste. Et si je poussais à l’extrême une telle idéologie, pourquoi ne pas supprimer HEC, Sciences Po et nos plus grandes universités françaises ? De cette manière, seuls les plus riches d’entre nous iraient se former et poursuivre leurs études ailleurs, dans les pays anglo-saxons comme en Angleterre ou aux USA. Ce serait alors la voie au démantèlement de nos universités et à un processus de privatisation à l’excès.
Que veut vraiment le Président Macron ? Favoriser la fuite des cerveaux, des talents français ? En supprimant l’ENA sans traiter le problème de fond s’avèrera inutile et surtout contre-productif. Par-contre, réformer l’ENA et toutes les grandes écoles françaises en les ouvrant aux jeunes des quartiers les plus défavorisés mais méritants, ça, ce serait refaire marcher l’ascenseur social auquel sont attachés les Français. Au lieu de supprimer l’ENA, nous devrions redéfinir les missions des agents de l’Etat au sein des services de nos préfectures pour être en phase avec nos territoires, nos populations, nos intérêts, nos besoins, pour qu’ils fonctionnent et agissent davantage en soutien des politiques publiques décidées localement plutôt que de faire à tout bout de champs des contrôles d’opportunité à chaque fois que le dossier change d’étage ou de bureau. Bref, cessons de faire de la bureaucratie parce que nos territoires s’y noient et s’y perdent !
Ouvrir le corps préfectoral et la haute administration aux autres fonctionnaires comme ceux de la territoriale ou alors aux salariés du privé aurait du bon sens. Lever toutes les barrières qui freinent ou qui empêchent le retour des Réunionnaises et des Réunionnais aux emplois notamment publics à La Réunion consisterait à mettre fin à un tabou qui doit cesser d’en être un. Combien d’entre nous, élus ou responsables politiques, recevons des demandes de mutation de fonctionnaires réunionnais en Métropole et qui veulent revenir travailler à La Réunion ?
Combien de Réunionnais sont mis de côté lors de recrutements sur des postes de fonctionnaires d’Etat à La Réunion alors qu’ils ont les diplômes et les compétences nécessaires ? Les fonctions publiques à La Réunion et la place des Réunionnais, tout cela est un vrai sujet qui mérite un grand débat régional et des actes forts. Il ne s’agit là ni de populisme ni d’opportunisme politique, mais de justice sociale et d’égalité des chances.
A vrai dire, l’ENA est l’arbre qui cache la forêt et s’il disparaissait, je proposerais alors pourquoi pas la création de l’ENOM (Ecole Nationale des Outre-mer), une sorte d’ENA à La Réunion. Je me demande également pourquoi notre territoire ne dispose toujours d’aucun Institut d’Etudes Politiques, d’aucun HEC. Tout ne peut pas être seulement une question de coût. Non, nous préférons voir tout cela s’installer à côté, chez nos voisins mauriciens... Comprenne qui pourra !"