Cette année, la Ville de Saint-Benoît recevra une aide de l’État de plus d’un million d’euros. Une aide que devrait être renouvelée au cours des trois prochaines années. Cette somme servira, notamment, à combler le déficit de la commune qui se chiffre à plus de 19 millions d’euros. L’équipe de LINFO.re s’est entretenue avec le maire de la commune, Patrice Selly, sur cette nouvelle aide, mais également sur le déficit de la Ville, les violences urbaines dans la commune ou encore l’installation prochaine de caméras de surveillance.
Cette année, la Ville de Saint-Benoît recevra un montant de 1,1 million d’euros de la part de l’État. Il s’agit d’une aide attribuée dans le cadre du Contrat de redressement des Collectivités d’outre-mer (COROM). Un contrat destiné aux collectivités d’Outre-mer qui ont des difficultés budgétaires. Initialement, la convention prévoyait une subvention de plus de 800 000 euros par an pendant trois ans. "Une aide supplémentaire de 294 000 euros a été attribuée à Saint-Benoît dans le courant des dernières semaines", se félicite le maire.
Cette aide de l’État est la bienvenue pour Patrice Selly, alors que la commune accuse un lourd déficit. "Quand nous sommes arrivés, nous avons voté un budget en déséquilibre de près de 19 millions d’euros", explique Patrice Selly. "Au niveau de la Cour régionale des comptes, il nous avait été accordé un délai de trois, quatre ans pour redresser la situation à l’horizon 2024, mais avec les efforts produits par la Collectivité, nous devrions sortir de cette situation financière compliquée d’ici 2023", assure-t-il.
Le maire de Saint-Benoît assure qu’il n’y aura pas de suppression de postes en raison de ce déficit, mais essentiellement des départs à la retraite qui ne seront pas remplacés. "Aujourd’hui, la Municipalité n’a plus les moyens de recruter de nouveaux agents, mais il n’y a pas de nécessité de recruter davantage. On a un effectif suffisant qu’il faut simplement redéployer pour assurer la qualité du service public", souligne-t-il.
Selon Patrice Selly, Saint-Benoît connaît un problème de délinquance chez les mineurs. "On a des chiffres de la délinquance qui sont en baisse sur Saint-Benoît, selon les chiffres de la gendarmerie, mais à côté de ça, on a un nouveau phénomène qui apparaît : les rassemblements de jeunes aux abords des établissements scolaires et dans les rues de certains quartiers de la ville. Dans ces rassemblements, il y a beaucoup de jeunes mineurs", dénonce-t-il.
Le maire de Saint-Benoît veut d’ailleurs plus de sanctions à l’encontre des parents qui font preuve de négligence "en laissant parfois les enfants de 11, 12, 13 ans errer en pleine nuit dans les quartiers de Saint-Benoît". La Ville a d’ailleurs mis en place un Conseil pour les droits et les devoirs des familles qui pourrait, en dernier recours, faire en sorte de suspendre les allocations familiales.
Ce mardi 23 novembre, le préfet de La Réunion, la procureure de la République de Saint-Denis et le maire de Saint-Benoît ont par ailleurs annoncé la création d’un groupe local de traitement de la délinquance. Huit médiateurs sociaux de nuit supplémentaires seront d’ailleurs recrutés dans le quartier de Bras-Fusil afin de prévenir les violences.
Selon Patrice Selly, il n’y aurait pas suffisamment d’effectifs de gendarmes dans sa commune. "Au vu de ce qui se passe actuellement, il y a peut-être un problème d’effectif qu’il faut aborder. Lors du prochain conseil de sécurité locale de prévention de la délinquance." Mais le maire de Saint-Benoît ne veut pas uniquement faire de la répression. "Il y a un gros travail de prévention et de sécurisation qu’on va devoir continuer à développer", confie-t-il.
D’ici la fin de l’année 2021, une dizaine de caméras seront installées au centre-ville de Saint-Benoît. Un objectif qui pourrait être repoussé à janvier 2022 en raison d’un problème d’approvisionnement de câbles chez un fournisseur. "Dès le début de 2022, notre objectif est de poursuivre ce déploiement sur d’autres secteurs, en particulier les secteurs touchés par cette délinquance juvénile, notamment Bras-Fusil, Europe ou encore la cité Labourdonnais", explique Patrice Selly.
Sur le centre-ville, un budget de 184 000 euros sera alloué pour l’installation d’une dizaine de caméras de surveillance avec une salle de relecture. "On constate que dans toutes les communes dans lesquelles il y a eu l’installation de caméras de surveillance, le taux de délinquance a diminué. C’est notamment le cas à Saint-André où il y a des caméras au centre-ville. Ces chiffres démontrent une réelle efficacité de ce dispositif", conclut-il.