Antenne Réunion
Plusieurs associations se sont réunies afin d’alerter les candidats aux Régionales sur la Nouvelle Route du Littoral. Dans un courrier qui leur est adressé, ils demandent plus de transparence et de respect.
"Mesdames, Messieurs les candidat(e)s à l’élection régionale, Le dossier « NRL » est, vous le savez un dossier sensible qui a particulièrement cristallisé les tensions ces dernières années. Nous ne pouvons que constater que si le choix s’était porté sur une route entièrement en viaduc dès l’origine, comme recommandé par toutes les instances consultatives, la NRL serait déjà terminée. La sécurité des usagers assurée.
Alors pourquoi ce choix de la variante Viaduc+digue ? En 2012, la Région expliquait dans le dossier DUP que le « tout viaduc » aurait coûté plus cher (140 millions). Pourtant la réalité aujourd’hui est que l’option avec digue n’est pas achevée et s’avère à l’évidence représenter un coût beaucoup plus élevé, directement et indirectement quant aux effets et dépenses induits.
Autre argument pro-digue avancé à l’époque : "donner de l’activité aux entreprises réunionnaises", essentiellement aux transporteurs. Or, la solution « tout-viaduc » aurait également fourni du travail aux entreprises réunionnaises, transporteurs inclus. Ça a d’ailleurs été le cas jusque-là.
Voilà donc démontrée la caducité de deux des arguments qui étaient avancés pour justifier de « l’utilité publique » de ce choix."
Retrouvez ici, l’intégralité du courrier envoyé aux candidats
"Aujourd’hui, nous déplorons les retards pris, les surcoûts et l’insécurité que cela occasionne pour des dizaines de milliers d’usagers de la route du littoral actuelle.
Car le problème est bien là, en faisant le choix de la variante avec digue, où l’Etat et la Région ont fait passer l’économie et les intérêts financiers avant la vie humaine, avant la sécurité des usagers, sans compter le sacrifice environnemental lié à l’approvisionnement colossal en matériaux non anticipé qu’on essaye de faire passer en force et trop souvent dans l’illégalité (cf annulation de la modification du SDC de 2014 / annulation de l’autorisation d’exploiter Bois Blanc etc.)."
"Nous sommes en droit de nous poser des questions quand nous constatons, comme tous les Réunionnais, que les groupements de carriers se livrent sur ce chantier une guerre honteuse, à laquelle nous pouvons aisément adjoindre les groupements de transporteurs. Cette partie en digue attise les haines et les convoitises.
En quoi serait-il acceptable de soigner le mal par un mal encore plus grand ?
Le chantier de la NRL à la Réunion et ses chantiers connexes (carrières notamment) échapperaient-ils aux exigences de préservation de notre biodiversité et à la réglementation environnementale ?
Est-il acceptable de payer un tel prix humain, environnemental et économique pour 2,7km de route ? Ces 2,7 km que la Région a choisis de faire en digue malgré tous les avis négatifs des experts et organismes environnementaux, pourquoi, pour qui ?
L’accumulation d’éléments nouveaux ces dernières années et ces derniers mois doivent immanquablement vous conduire à considérer que cette partie en digue entre la Grande Chaloupe et la Possession ne répond plus aux critères d’utilité publique et d’intérêt général (bilan coûtavantages), puisque pour ce tronçon en digue de seulement 2,7km, le coût global (humain, environnemental et économique) est totalement démesuré par rapport aux bénéfices attendus.
Pour le CNPN, « une autre solution existe, aussi sécuritaire mais nettement moins impactante. Elle devrait être à nouveau considérée… ». De même, l’Autorité Environnementale du CGEDD demande dans tous ses derniers avis la réalisation d’une actualisation de l’étude d’impact de la NRL, en y incluant une tierce expertise sur les incidences relatives des différents modes constructifs permettant d’achever ce projet.
Plus concrètement, le CNPN recommande (en application de l’article 68 de la loi n°2016-1087 du 8 août 2016 pour « la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages ») la réalisation d’une tierce expertise « prenant en compte tous les aspects (y compris l’exploitation des carrières) de l’option digue sur remblais » afin d’évaluer l’existence d’une autre solution plus satisfaisante
Mesdames, Messieurs les candidats, il est encore temps ! Le contexte actuel permet de tout remettre à plat et de se poser les bonnes questions. Nous pouvons y arriver si nous y travaillons tous ensemble, si nous dialoguons, si nous acceptons d’être dans une démarche constructive."