L’Autorité de la concurrence a annoncé ce mardi 26 mai avoir donné son feu vert pour le rachat de Vindémia par le groupe Bernard Hayot. La députée Hugette Bello a réagi.
Pour la députée Huguette Bello il s’agit d’une mauvaise décision à plusieurs titres.
"Cette décision intervient dans un contexte de crise économique et sociale extrêmement grave lié à la crise sanitaire, crise qui succède elle-même au mouvement populaire des gilets jaunes dont les principales revendications portent sur le pouvoir d’achat des Réunionnais et contre les situations de monopoles.
Cette décision touche en premier les employés de Vindémia, (4600
employés dans l’Océan Indien). Il n’y a aucun engagement concernant la protection de tous les employés afin qu’aucun d’eux ne fasse l’objet d’un dégraissement des effectifs.
Cet évènement touche les acteurs économiques de par la position de domination qu’entraîne le rachat de Vindémia par le Groupe Bernard Hayot, pas seulement à la Réunion mais dans l’Océan Indien.
Depuis 2014, le groupe Bernard Hayot (GBH) est la première entreprise de l’Océan indien ; en deuxième IBL (à l’île Maurice) et en troisième position du classement, on retrouve… Vindémia !!! que GBH rachète ! Le poids économique de GBH se mesure non seulement en effectifs, en chiffre d’affaires (la barre du milliard d’euros a été dépassée en 2017) mais aussi et surtout aussi à travers les postes de dépenses des ménages réunionnais : 16% du portefeuille du Réunionnais pour se déplacer, 14% du portefeuille du Réunionnais pour se nourrir, 15% du portefeuille du Réunionnais pour s’amuser et l’entretien de la maison, et cela, avant le rachat de Vindémia. Cette décision assure une position dominante sur le portefeuille des Réunionnais et sur l’économie réunionnaise.
La concentration du poids économique local entre les mains d’un acteur unique est un signal désastreux donné aux Réunionnais en pleine crise économique, alors que la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Réunion estime à 4000 le nombre de fermetures d’entreprises et à 3600 le nombre de salariés qui perdront leur emploi au 31 décembre 2020, alors que l’enquête menée par la CCIR montre que 59% des entreprises consultées redoutent une fermeture, 43 % sont très inquiets et 38 % ne savent pas comment faire pour payer leur loyer pour les trois mois d’avril, mai, juin.
Cette décision touche les petites entreprises locales, le commerce de proximité et ses défenseurs. Les pouvoirs publics devraient s’inquiéter prioritairement de créer les conditions d’un nouveau modèle de distribution, un nouveau commerce de proximité moderne et ancré au coeur de la culture créole, en aidant les acteurs indépendants de la distribution à se structurer en coopératives.
Le groupe Hayot exerce déjà un poids sur le consommateur réunionnais car il est sur un spectre large : voitures, bricolage, alimentation, jardins, ciment…il influence déjà énormément l’acte d’achat des Réunionnais. Ainsi, le Groupe Hayot orientera et
dictera la consommation réunionnaise voire celle des îles de l’Océan Indien et donc notre identité, notre culture par le choix des produits proposés. Et d’autres questions se posent : quelle alternative dans l’acte d’achat des Réunionnais ? Quelle valeur culturelle aura l’acte d’achat de chacun de nous ?
Nous étions en droit d’attendre des engagements autres que "se fournir auprès des producteurs locaux à hauteur de [25-35] % des achats totaux réalisés par ses grandes surfaces alimentaires"
"Il n’y a aucun engagement social, territorial, environnemental et de santé publique.
• Aucun engagement en faveur du pouvoir d’achat, d’une part à travers la revalorisation des salaires des employés, d’autre part à travers l’adaptation des prix à la situation de pauvreté à la Réunion
• Aucun engagement stratégique, économique et financier de décider localement, de garder leur valeur ajoutée et leurs résultats à la Réunion, d’investir localement, d’embaucher localement
• Aucun engagement de leur participation à un fonds d’aide aux ti boutiks dans un partenariat public/privé
• Aucun engagement sur la vente de produits à faible empreinte carbone, bio, frais, traçables
• Aucun engagement sur leur prise de responsabilité dans la gestion
des déchets car ce qui se retrouve dans les poubelles des Réunionnais-es vient principalement de la grande distribution (films bouteilles plastiques, canettes, verre…)
• Aucun engagement sur leur prise de responsabilité en matière de santé publique et de lutte contre l’obésité et le diabète à la Réunion.", a déclaré Huguette Bello.
Rachat de Vindémia : feu vert de l’Autorité de la concurrence, sous conditions