Paul Vergès, l’une des plus grandes figures politiques de La Réunion, a disparu le 12 novembre 2016. Sa fille Françoise Vergès lui rend hommage ce jeudi 12 novembre 2020, quatre ans après sa disparition.
Paul Vergès est mort le 12 novembre 2016 à l’âge de 91 ans. À l’occasion du quatrième anniversaire de sa mort, le Parti Communiste Réunionnais (PCR) lui a rendu hommage au cimetière paysager du Port, ce jeudi 12 novembre à 10 heures. Sa fille, l’historienne Françoise Vergès, revient sur l’héritage de son père.
“C’est une journée un peu particulière pour moi. C’est la perte d’une personnalité politique, mais aussi d’un père”, réagit sobrement Françoise Vergès. La fille du fondateur du Parti communiste réunionnais (PCR) s’est réjouit de l’héritage de son père, particulièrement au vu de l’actualité liée au coronavirus.
“Tout son travail autour du climat, le souci et l’importance qu’il a apporté à ça sont absolument actuels. On sait le lien entre la pandémie et les questions de déforestation et d’hyperconsommation. La question d’une autonomie économique, d’une agriculture qui soit un peu autosuffisante, la question de l’éducation et de l’enseignement à La Réunion… Ce sont des questions qui restent d’actualité.”
Françoise Vergès a également souligné la vulnérabilité des classes populaires face à la Covid-19, indiquant que Paul Vergès n’aurait pas manqué d’en faire un cheval de bataille. “Il aurait été d’accord avec les scientifiques qui montrent les liens entre l’accroissement des inégalités et le fait que le virus ait autant de mortalité au sein des classes populaires. Les minorités et les classes les plus pauvres sont touchées, en France, aux Etats-Unis ou ailleurs.”
Sur le l’adoption du projet de loi 3D (décentralisation, différenciation, déconcentration) qui vise à une plus grande autonomie des territoires ultramarins, Françoise Vergès s’interroge sur les aboutissements d’un tel projet. “Est-ce que La Réunion peut rester attachée complètement dépendante de La France ? Il y a eu beaucoup de décentralisations qui n’ont pas débouché sur des choses très profondes. Beaucoup de jeunes Réunionnais diplômés ne pensent pas avoir un vrai avenir à La Réunion. La question de l’autonomie, ça dépend des mesures concrètes qui sont prises pour qu’elle ait vraiment lieu”, dit-elle.
Françoise Vergès a également abordé son dernier ouvrage Une théorie féministe de la violence, sur le thème des violences contre les femmes, qui connaissent une recrudescence. “C’est parti du constat de l’augmentation des violences dans le monde, les féminicides, le harcèlement sexuel et la possibilité de protoger. Comment expliquer l’écart entre la multiplication des lois de protection et l’accroissement des inégalités et aux violences ? Est-ce que la réponse de l’Etat à la police et au tribunal suffit ?”
Autant de questions auxquelles l’historienne tente d’apporter des éléments de réponses, s’appuyant notamment sur des idées venues des Amériques du Nord et du Sud, préconisant une abolition du système carcéral.