Ce mercredi, une assemblée plénière extraordinaire réunit les élus de la Région Réunion. Les élus du Conseil régional se penchent sur le dossier plus qu’épineux de la Nouvelle route du littoral (NRL). La présidente de la Région Réunion, Huguette Bello, met en garde les Réunionnais : la facture dépassera les deux milliards d’euros.
"La facture finale dépassera les 2 milliards d’euros. Les chiffres sont vertigineux pour la route souvent qualifiée comme étant la plus chère du monde. Mais une route inutilisable. Il faut dire la réalité aux Réunionnais", lance la présidente de la Région, Huguette Bello.
D’ailleurs, Mme Bello veut qu’une grande transparence soit faite sur ce dossier "Les décisions qui seront prises seront lourdes de conséquences et nous prendrons nos responsabilités. Des impératifs à plusieurs niveaux : budgétaire, économique, environnemental."
Des coûts supplémentaires entre 500 et 700 millions seront à ajouter à la facture initiale de plus de 1,66 milliards d’euros, fait savoir Nicolas Morbé, directeur général adjoint des routes et des transports à la Région Réunion. "Pour l’instant, aucune solution technique n’a été actée", explique-t-il. D’ailleurs, un délai de 6 à 7 ans sera nécessaire pour finaliser la route, selon l’expert.
Livrer la totalité d’une route sécurisée est l’objectif principal de la nouvelle présidente de la Région. "Les drames survenus montrent la dangerosité de cette route. Notre responsabilité est de mener ce chantier à terme" ,indique-t-elle. L’attente est grande et les interrogations sont nombreuses, selon Mme Bello. "Il n’est pas question de polémique et de questions stériles. Ce qui préoccupe les Réunionnais est de savoir comment on va finir la route, c’est-à-dire les coûts, les délais et les impacts."
La présidente de la Région veut finir cette route, mais elle veut le faire bien et non pas dans la précipitation. "Le remplacement des acropodes a un impact sur l’ouverture de la route en toute sécurité." L’ouverture de la demi-route est prévue pour fin 2022.
La facture finale ne doit pas être assumée uniquement par les Réunionnais. "Il est essentiel de respecter le partenariat entre la Région et l’État", pense Huguette Bello.
Pour Patrick Lebreton, 1er vice-président de la Région Réunion, cette séance plénière est un engagement que la présidente a pris. "Un exercice de transparence va être opéré. 95 % des budgets consommés pour les 2/3 de la route. On aimerait qu’avant que le mandat se termine. Il faut que l’État s’engage. On ne peut pas, tout seul, financer cette route."
De son côté, le Préfet de la Réunion, Jacques Billant, explique que l’État a déjà contribué à la NRL à la hauteur de 797 millions d’euros. "L’essentiel des crédits ont déjà été versés à la Région", explique-t-il.
"L’État était, depuis le départ, à vos côtés et je veux le rappeler ici", a insisté le Préfet. La sécurisation de la route est un aspect essentiel, selon le Préfet. La réalisation de cette nouvelle route "doit offrir un axe privilégié pour les transports collectifs."
D’ailleurs, c’est la Région qui a approuvé l’axe mixte : digue et viaduc, indique le Préfet. Un axe par ailleurs sans péage. "Le projet a été déclaré d’utilité publique en 2012. Depuis, l’État a soutenu le projet."
Pour Jean-Jacques Morel, élu de l’opposition à la Région, l’opposition est là pour s’opposer intelligemment. "Concernant l’assemblée plénière : Il faut qu’il y ait un débat. C’est ça, la démocratie. Il faut finir cette route et on a fait un bout du chemin."
Du côté de Richard Nirlo, conseiller de l’opposition, La Réunion est "la risée du monde" avec cette nouvelle route du littoral. "Je ne comprends pas ce qui se passe avec cette route. C’est une aberration."
Jean-Jacques Morel pense quant à lui que tous les grands projets connaissent des surcoûts. "La route des Tamarins a eu 40% de surcoûts", précise-t-il. "On est le seul pays au monde où on ne peut pas prendre de galets chez nous."
Pour Wilfrid Bertile, la NRL est un dossier "problématique" qui concerne l’ensemble des Réunionnais. "Nous sommes face à un chantier ruineux, qui a eu du retard et qui a mis la honte sur la Réunion et dont l’avenir est incertain."
Jacques Técher, 5e vice-président en charge des grands projets, se dit serein concernant ce projet, mais n’exclut pas d’autres retards à venir. "On découvre de nouveaux éléments de jour en jour. Des éléments importants qui viennent expliquer les contraintes que nous allons avoir sur ce dossier."
De son côté, Karine Lebon, députée de la 2e circonscription, lance que la Région doit travailler pour l’intérêt des Réunionnais et éviter les clivages politiques. "On a découvert des malfaçons qui vont avoir un impact sur la livraison de la route", souligne-t-elle.
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