Dans le cadre des élections municipales 2020, LINFO.re vous permet de découvrir l’ensemble des forces en présence dans chaque commune. Voici le portrait d’Antoine Fontaine, candidat au Tampon.
J’ai fait mon droit à Panthéon-Assas, une faculté réputée, mais dans laquelle il faut aussi être persévérant, surtout lorsque l’on ne correspond pas aux codes qui y sont établis. Militer au sein des syndicats de lycéens et d’étudiants a été une voie assez naturelle.
Œuvrer au sein de la plus grande chambre de commerce et d’industrie, celle de Paris, à l’Assemblée nationale, au Conseil économique social et environnemental, ou encore à l’UNESCO, dans tous ces milieux du pouvoir, fut formateur. J’y ai acquis la conviction, au cœur du système, que toute autorité qui nous est imposée par la force nous éloigne des sentiments de justice et de liberté auxquels nous aspirons naturellement.
C’est mon retour à La Réunion en 2007 et ma collaboration en tant que conseiller juridique au sein du parc national qui m’a amené à l’engagement qui me correspondait le plus et me rapprochait de mes racines.
Avec le Collectif pour le maintien des activités au cœur de La Réunion (Cmac) nous avons œuvré pour défendre une certaine idée de la culture réunionnaise, celle transmise par nos ancêtres. Nous sommes profondément attachés à ces petits bouts d’identité qu’il nous reste, nous refusons l’uniformisation. C’est cet engagement qui m’a valu de perdre mon emploi. J’ai dénoncé au Parc national des faits potentiellement délictuels et je me suis opposé à cette volonté de supprimer de nombreuses activités traditionnelles.
Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose. Préservez l’élevage traditionnel, la tisanerie, la culture du géranium, le commerce ambulant, ou encore les aires de pique-nique chemin Volcan, dans le cœur du Parc, sont des combats que nous avons portés, parfois jusqu’au Conseil d’état.
Faire inscrire dans le décret de charte du Parc national de La Réunion, la prise en compte des activités traditionnelles préexistantes à sa création est le fruit de notre travail. À l’époque, nos élus n’ont rien fait en ce sens, d’ailleurs ils ne s’en préoccupaient pas du tout.
Pour éviter le débat, on nous présentait comme des opposants politiques.
Je suis retourné un temps sur Paris, mes prises de position ayant mis un frein à mon parcours professionnel sur l’île, ce qu’on ne manqua pas d’ailleurs de me faire savoir. J’y ai repris des études, préparer une thèse en droit de l’environnement portant sur les biens communs, fait du lobbying auprès d’organisation internationale, ou encore du ministère de l’environnement.
Au fond, notre capacité d’agir et d’influer sur le cours des choses est plus importante au niveau du territoire, si tenté que l’on en ait la volonté. En 2017, de retour à La Réunion, je me suis porté candidat aux législatives dans la 3° circonscription pour notamment évoquer la corruption généralisée qui sévit à La Réunion.
C’est l’ambition que porte le parti politique que j’ai initié à l’époque, Vivre La Réunion, afin de promouvoir par ailleurs la démocratie directe. C’est sous cette étiquette que nous nous présentons sur la commune du Tampon. Cette même année, j’ai cofondé l’Unité nationale.
C’est une organisation qui rassemble des conseillers politiques de tous bords, même des anarchistes et des abstentionnistes. Nous faisons la promotion, auprès de l’ensemble des partis politiques français, de l’autodétermination politique, de la gouvernance partagée au sein d’un gouvernement d’unité nationale et de la démocratie intégrale.
Chaque trimestre nous éditons un magazine envoyé aux partis, au parlement et à l’Élysée. Bien que nous ayons beaucoup d’engouement, ce n’est pas un mouvement politique, mais une nouvelle philosophie.
C’est une autre façon de faire de la Politique et de porter dans le débat public des sujets qui ne le sont pas vraiment. L’autosuffisance alimentaire et énergétique dans le respect des individus et de l’environnement ; l’ambition que les Réunionnais qui le souhaitent, puissent travailler et vivre sur leur île, sont encore, en ce début de XXIe siècle, un impensé. En toute logique, chaque territoire sur cette planète devrait pouvoir se développer selon son modèle propre basé sur l’autosuffisance et ses ressources. Mais, encore faut-il que ceux qui souhaitent s’engager se posent la question de savoir : qu’est-ce que le développement ?
C’est en répondant à cette question qu’avec les membres de notre liste nous avons décidé de nous engager dans les élections municipales.
Avec notre slogan, « Votez pour vous », nous souhaitons d’abord aider les hommes et les femmes à devenir des acteurs de la vie de la cité.
Dans notre liste chacun à sa façon et à son niveau est déjà engagé au service de la communauté. Les personnes légitimes sont celles qui se lèvent, devant l’insuffisance de ceux qui élus, payés pour cela, ne permettent pas malgré tout à la population de répondre à ses besoins. Nous portons déjà des actions, pour une meilleure qualité de soins au CHU sud, en faveur de l’eau agricole, contre l’errance animale ou les projets de méga route, sur la problématique de l’incinérateur et la réduction des déchets, en faveur de la protection de notre environnement. Nous travaillons sur la préservation de notre patrimoine comme avec le projet ZOT (Zerbaz out Tizaner) autour des plantes médicinales.
A titre plus personnel, et par passion, je me suis converti au métier de cuisinier, dans le but de préserver la gastronomie créole, elle aussi en voie de disparition.
Contrairement à de nombreuses listes, les personnes qui composent la nôtre sont déjà dans le « faire », sans jamais avoir été élu. Nous pouvons être jugés sur nos actes quand d’autres ne savent poser que des mots. Nous sommes nombreux à vouloir le changement, à croire encore en la Politique et au bien commun. Nous voulons prendre notre avenir en main et cela commence par notre engagement dans cette élection.
Pour notre liste, une commune comme le Tampon est avant tout riche de ses habitants, aux savoir-faire multiples dans les domaines culturel, agricole, artisanal, commercial ou associatif.
Nous aspirons au respect de la dignité de chacun et à une forme de simplicité dans les rapports humains. L’organisme humain est fait pour agir, pour cela il a besoin de se nourrir, de boire, de se loger, d’être en bonne santé, d’avoir une éducation, une formation et d’accéder à l’activité. Nous voulons être des facilitateurs.
Or, ces besoins primaires ne sont pas pourvus pour l’ensemble des habitants de la commune, qui elle se retrouve régulièrement dans les classements des villes les plus pauvres de France.
Le chômage est bien trop élevé avec plus de 30 % des actifs touchés et cela depuis des années. Les politiques publiques mises en place au Tampon n’ont aucune efficacité en matière de création d’emplois et de développement.
Nous avons laissé faire ces mêmes élus qui vont d’un mandat à l’autre, d’une liste à l’autre, sans jamais rendre compte de leurs actions et de leurs résultats.
Le choix fait à un moment donné a été de développer le goudron et le béton. Nous faisons un autre pari, celui de développer les femmes et les hommes dans le respect de la nature.
La transparence et la justice concernant l’utilisation de l’argent des contribuables sont une obligation que nous nous fixons. La qualité des services publics municipaux ou intercommunaux s’en trouvera amélioré. La situation du personnel communal est également préoccupante, il est en souffrance sans pouvoir espérer des perspectives d’évolution.
Sur le plan humain, nous assistons à un véritable retour en arrière.
En nous faisant confiance, les habitants du Tampon nous obligent tous, quelque soit leurs opinions, il nous appartiendra :
- D’orienter les investissements de l’action communale et communautaire dans la maintenance des infrastructures existantes ; de nous concentrer sur l’essentiel, faciliter le quotidien des habitants en gérant la ville en bon père de famille.
- D’accompagner la transformation écologique en privilégiant les besoins primaires tels notamment l’alimentation, l’eau, le logement, la santé et l’éducation. Ces besoins représentent des secteurs d’activités économiques propices au développement de l’emploi tant sur le territoire du Tampon que sur celui de la CASUD.
- D’autre part, de faire baisser la pression fiscale sur nos concitoyens et sur les entreprises, en lien direct avec eux dans chacun des quartiers du Tampon.
Bien entendu c’est un scrutin de liste, et s’il s’agit de l’identification économique, nous sommes donc favorables à l’autodétermination politique. Ce qui signifie que même si l’ensemble du conseil municipal est en défaveur d’un projet, qui lui est plébiscité par les Tamponnais, nous écouterons les Tamponnais d’abord.
La démocratie directe ou intégrale concernant les projets qui engagent durablement la ville, cela doit être l’expression de la volonté du plus grand nombre et non le choix de quelques-uns, ou une réponse à des désirs guidés par l’ego.
Il est essentiel d’impliquer les habitants en leur donnant la possibilité et les moyens de prendre toute leur part à l’animation dans les quartiers. Pour les projets qui vont engager durablement la ville, nous permettrons à ceux qui le souhaitent de faire entendre leur voix.
Si plusieurs investissements entrent en concurrence, concernant la planification ou l’utilité, nous pourrons recourir à la consultation, offrir des choix multiples dans la mesure du possible, ou permettre aux citoyens de stopper des investissements qu’ils ne cautionnent pas.
Nous comptons bien co-gouverner la ville. Le bon sens est la seule qualité nécessaire. C’est le chemin que nous ouvrons pour les générations futures. Nous serons le dialogue, nous serons cette oreille attentive.
Est-ce être de droite, de gauche, du centre, ou des extrêmes ? Non, ce n’est rien de tout cela. C’est jugé que sur le temps long, la Politique nous engage tous. Se désintéresser de la politique, c’est aussi un choix politique. Il est surprenant aujourd’hui de voir des maires sortants ou des élus, qui après tant années ont essayé toutes les étiquettes politiques pour se maintenir au pouvoir, se revendiquent désormais non plus comme des politiques, mais de simples gestionnaires.
Vivre, c’est l’aspiration de beaucoup de personnes. Vivre c’est le nom que nous avons donné à notre liste. Vivre la Réunion, c’est le parti que nous construisons dans le temps, afin de nous affranchir des règles inadaptées à cette nouvelle ère. Notre vision est de mettre l’humain au cœur de la Politique, lui permettre de répondre avant tout à ses besoins fondamentaux, préserver notre territoire, notre culture, poser un idéal commun autour de ce qui nous rassemble, sans renoncer à ce qui fait de chacun de nous un citoyen unique et actif au cœur de la cité.