Arrivé ce jeudi à La Réunion, Manuel Valls achève sa visite sur notre territoire ce soir. Durant son déplacement sur l’île, le ministre des outre-mer a annoncé la mise en place du dispositif de catastrophe naturelle ainsi qu’un fonds exceptionnel de 200 millions d’euros. Il est l’invité exceptionnel du journal de 19h d’Antenne Réunion.
200 millions d’euros, c’est le montant estimé par les assureurs pour les dégâts de Garance. 200 millions d’euros, c’est aussi le montant du fonds exceptionnel que Manuel Valls a annoncé pour venir en aide aux Réunionnais. Qui pourra bénéficier de ce fond exceptionnel, sous quelles conditions ?
"Il faut d’abord acter le coût des dégâts, nous n’avons pas encore terminé. Les acteurs de l’assurance, de la banque et les collectivités publiques sont mobilisés. Cela fait une semaine que ce cyclone a frappé La Réunion, beaucoup plus durement que ce qu’on pense dans l’Hexagone. Nous devons nous mobiliser, cibler ces aides et faire remonter les dossiers. J’ai rencontré des Réunionnais touchés, mais pas abattus, il a une volonté de repartir."
Après Belal l’année dernière, la chambre de commerce et d’industrie évaluait qu’un seul jour d’arrêt économique à La Réunion représentait un manque à gagner de 100 millions d’euros. Les aides proposées aujourd’hui sont-elles suffisantes ?
"Je l’espère, il faut que ces aides se concrétisent rapidement. Il faut que ces aides soient mobilisées et ciblées vers ceux qui en ont le plus besoin. Il faut travailler avec les élus pour établir un plan de relance économique. Nous allons mettre en œuvre des dispositifs utiles pour les Réunionnaises et les Réunionnais."
La procédure de catastrophe naturelle est enclenchée. Elle concerne toute La Réunion. Les sinistrés ont 30 jours pour contacter leur compagnie d’assurance et dresser un état estimatif de leur perte. Des assureurs qui réclament des franchises alors que tous n’ont pas les moyens de payer . Comment les obliger à jouer le jeu ?
"J’ai rencontré le monde de l’assurance, ils ont pris un certain nombre d’engagements. Le sous-préfet et les maires qui sont sur le terrain sont à la disposition de tous ceux qui ont besoin d’avancer sur ces dossiers. Il faut qu’il y ait de l’écoute, beaucoup d’humanité. Les services de l’État sont là pour aider les Réunionnais qui auraient des difficultés par rapport à ces franchises.”
Concernant le secteur agricole. Vous avez annoncé que les agriculteurs pourront recevoir une avance calculée sur la récolte de l’année dernière. Contrairement à ce qui est fait habituellement où les indemnisations tombent plusieurs mois après la catastrophe, à la fin de la récolte. Beaucoup de professionnels n’y croient pas. Certains attendent encore des aides promises après le cyclone Belal il y a un an. Comment rendre la parole de l’État crédible, aujourd’hui ?
"L’État est là et, si je suis venu rapidement, c’est pour dire la solidarité de la nation à l’égard des Réunionnais, mais aussi pour mettre en œuvre tous ces dispositifs. Il faut tout de suite soutenir les trésoreries des agriculteurs, des artisans et des commerçants. Je reviendrai dans un mois et je rencontrerai à nouveau ces acteurs. On ne lâche rien, on ne lâche pas La Réunion. Nous allons étudier de nouveaux dispositifs pour venir en soutien au secteur de la canne qui est en très grande difficulté. Il faut qu’on soutienne ce secteur de la canne qui est au cœur de l’âme et de la culture réunionnaise."
Le passage du cyclone Garance a fait 5 morts et des centaines de sinistrés. Vous avez eu l’occasion d’en rencontrer quelques-uns. Sur un plan personnel, qu’avez-vous ressenti face à ces situation de désolation ?
"J’ai ressenti une grande détresse humaine et une très grande solidarité. Il y a eu un très fort soutien des voisins, il y a eu des héros, des gens ont risqué leur vie pour sauver leurs voisins. Être ministre des outre-mer c’est souvent être confronté à ces sujets, je l’ai vu avec Mayotte et je le vois encore aujourd’hui."
Aujourd’hui dans l’actualité nationale, tous les regards ou presque sont portés vers la guerre en Ukraine. On parle beaucoup du budget de la France pour la défense, d’économie budgétaire à faire sur les collectivités locales. Mesure-t-on à Paris la gravité de la situation à La Réunion ? En avez-vous parlé avec le premier ministre ou le président ?
"Il faut être capable de s’adapter aux changements de ce monde. Le premier ministre l’a dit, il faut préserver le modèle social français et soutenir les territoires ultramarins. Ils sont une chance pour la France, ils rayonnent dans l’océan pacifique, atlantique et indien. Pour préserver la force que représentent ces territoires, il faut qu’il y ait les moyens. Les outre-mer sont une priorité pour le gouvernement et la nation", conclut Manuel Valls.
Le ministre des outre-mer sera de retour à La Réunion le mois prochain.