Karine Lebon, députée de la 2e circonscription, répond aux questions d’Yves Mont-Rouge dans Ça Koz Politique sur Antenne Réunion.
Agée de 36 ans, Karine Lebon est aussi jeune en politique. Elle démarre en 2020, sur la liste de Huguette Bello, en tant qu’élue au conseil municipale. Trois mois plus tard, candidate aux Législatives sur la 2e circonscription, elle obtient 72 % des suffrages exprimés. Karine Lebon devient alors députée de La Réunion. Cette élection qui l’a propulsé à l’Assemblée nationale est aussi une élection qui connaît une abstention record. Seuls 18% des inscrits s’étaient déplacés aux urnes.
"Ce n’est pas beaucoup", reconnaît la députée. "Il faut avoir le triomphe modeste. L’abstention doit nous interroger. Depuis la crise des Gilets jaunes, il y a une défience de la vie politique qui s’installe, il ne faut pas la nier. Il ne faut pas occulter. Il ne faut pas se voiler la face. Mon travail va être de redonner confiance aux électeurs. Pour cela, j’essaie de beaucoup communiquer sur ce que je fais. Je fais un bilan de mon activité parlementaire pour expliquer que je travaille et que c’est pour ça que j’ai été élue : pour travailler et les représenter mais surtout pour leur dire : vous avez un droit de regard."
Auparavant enseignante à mi-temps, actrice, licenciée en étude théâtrale, la députée de la 2e circonscription a plusieurs cordes à son arc.
"Si vous me demandez si ma formation théâtrale m’a servi pour la politique, je vous dirais oui. La prise de parole en public a été vraiment facilitée. La différence c’est qu’en tant que comédienne, j’incarnai des personnages, en tant que politique, j’incarne des convictions. Il y a une cohérence finalement, mon rôle phare au théâtre, ça a été dans la pièce "Quelque chose", qui vise à libérer la parole autour des violences sexuelles faites sur les enfants, l’inceste notamment. Je suis aussi co-secrétaire de l’UFR, qui défend les femmes victimes de violences et en tant que professeure des écoles, j’ai toujours été persuadée que c’était l’arme qui pouvait changer la société."
La députée rappelle sa fierté d’être sur la liste de Huguette Bello aux Régionales : "J’étais en dernière position sur sa liste pour lui montrer tout mon soutien et en même temps parce que je ne veux pas de cumul de mandats. Cela reste très important pour moi. Je pense que les Réunionnais lui ont fait confiance, elle a su fédérer les forces de Progrès et c’est une grande fierté de voir son implication dans la vie politique".
Quant à Olivier Hoarau, "il a toute sa place", selon Karine Lebon, qui poursuit : "Chacun à sa place, on est en démocratie".
Inscrite au sein du groupe Gauche Démocrate Républicaine (GDR) à l’Assemblée nationale et pas France insoumise, elle s’explique :
"GDR, c’est le bébé de Huguette Bello", son mentor. "C’est un groupe qui est composé d’élus communistes et d’élus des Outre-mer. Il y a une grande part qui est faite aux Outre-mer, notamment dans les questions au gouvernement".
"Je suis intervenue sur les violences sexuelles faites aux mineurs, (...), j’ai notamment soulevé la question des enfants handicapés victimes de violences. Grâce à cela, en tout cas je l’espère, des travaux sont en train d’être menés sur la part des enfants handicapés victimes de ces violences là. Karine Lebon dit s’intéresser de près au retour au pays des fonctionnaires également : je suis beaucoup de gens qui sont dans l’Hexagone depuis 15 ans, 20 ans. Je trouve que c’est une catastrophe (...) dans l’Éducation nationale il y a un gros problème entre les contractuels et les titulaires. Ce qui se joue selon moi, c’est la fin du fonctionnariat dans la Fonction publique et ça c’est dramatique".
Concernant les élections présidentielles, Huguette Bello a déjà fait part de son soutien à Jean-Luc Mélenchon de La France insoumise, Karine Lebon en fait de même : "Moi aussi, bien-sûr. C’est le plus à même de défendre la voix des sans-voix."
Pour les législatives de 2022, Karine Lebon annonce, sans grande surprise, sa candidature :
"Je ne vais pas faire durer le suspense. Je suis élue depuis un an, c’est peu. Cela m’a permis d’avancer pas mal de sujets, j’ai envie de continuer le travail, évidemment. (...) J’espère que la confiance sera renouvelée, conclut-elle".