Lors du débat sur la situation des Outre-mer tenu mercredi au Sénat, le sénateur Paul Vergès a interpellé le ministre Victorin Lurel sur le dossier de la surrémunération dans les DOM.
Le ministre des Outre-mer Victorin Lurel réaffirme qu’il ne touchera pas à la surrémunération dans les départements d’Outre-mer. Après un débat de plus de trois heures, mercredi 26 février, au Sénat, les sénateurs de La Réunion, de la Martinique, de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon ont exposé à la tribune les problématiques propres à leurs territoires, avec en toile de fond, le pacte de responsabilité des entreprises annoncé par François Hollande et qui devrait être adapté aux territoires d’Outre-mer.
Paul Vergès a insisté sur la surrémunération dans les Dom. Le sénateur de La Réunion a parlé d’une situation "grave et méconnue" qui doit être portée à la "connaissance de la représentation nationale". Paul Vergès a notamment rappelé à la tribune, "la gravité exceptionnelle de la situation sociale" dans l’île. Plus de 40% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, le chômage touche près de 30% de la population.
Le sénateur a interpellé Victorin Lurel quand aux mesures qui seraient prises par le gouvernement si "plus de 25 millions de Français vivaient en-dessous du seuil de pauvreté et si la France comptait 10 millions de chômeurs". Paul Vergès met une nouvelle fois en cause la sur-rémunération, responsable d’"inégalités sociales criantes" selon le parlementaire réunionnais.
"En 2008, selon les chiffres publiés par les services de l’État, les 20 % les plus riches concentrent 47 % des ressources, tandis que les 20 % les plus pauvres se partagent 7 % du total des ressources. Seulement 7 % !", a indiqué Paul Vergès. Il ajoute : " Compte tenu du coût de la surrémunération, 65 % du personnel travaillant dans les collectivités locales, notamment dans les communes, ne peut être titularisé."
Les majorations de rémunération dans les fonctions publiques d’État et hospitalière représentent, à La Réunion, un coût annuel estimé à plus de 500 millions d’euros. "La situation que nous connaissons aujourd’hui est bien le résultat de l’application mécanique de la politique d’intégration en vigueur depuis 1946, date du classement de chacune des "quatre vieilles colonies" en département", précise le sénateur.
Paul Vergès a toutefois reconnu que "des lois d’adaptation ont été régulièrement votées et mises en œuvre" à travers, notamment, les dispositifs successifs de défiscalisation ou d’allégement de charges sociales pour les entreprises. Le parlementaire poursuit : "Malgré leurs mérites, ces dispositifs n’ont pas permis d’effacer toutes les séquelles du modèle colonial de l’économie de comptoir et du colbertisme : 65 % de nos échanges se font avec la France, distante de plus de 10 000 kilomètres, ; le taux de couverture des importations par les exportations est extrêmement faible : 6 %".
Paul Vergès a également évoqué la question de la fin des quotas sucriers, en 2017. Le sénateurs a livré ses inquiétudes quant aux solutions au surendettement "de 2 000 des 10 000 TPE-PME réunionnaises, qui doivent faire face à une dette globale de 1,2 milliard d’euros".
En réponse, le ministre des Outre-mer a rappelé les priorités du gouvernement, notamment à travers la loi sur la régulation : "lutter contre la rente, favoriser la concurrence et la transparence pour plus de pouvoir d’achat et d’emploi".
Victorin Lurel a par ailleurs entendu l’appel de Paul Vergès : "Les questions financières sont importantes, ce ne sont pourtant que des outils qu’il faut mieux articuler pour mettre en oeuvre une politique globale. C’est l’ambition que je porte avec le plan d’action pour la croissance, le développement et l’emploi", a affirmé le ministre.