Le député Jean-Luc Poudroux commente la venue du président Emmanuel Macron à La Réunion.
Après des annonces jusque-là contradictoires ou en demi-teinte, notamment sur l’octroi de mer et la sur-rémunération des fonctionnaires ou encore le chantier de la NRL et la continuité territoriale, le Président de la République s’est rendu compte pendant ses 3 jours de visite officielle à La Réunion d’une situation économique et sociale extrêmement préoccupante. J’ai vu un Président de la République dynamique, volontaire, attentif, à qui l’on peut reprocher à certains égards la mise en place d’un dispositif de sécurité extraordinairement élevé par crainte de crispations et de débordements sociaux importants. Une visite présidentielle que je qualifierais de tendue.
Il faut comprendre que les attentes des Réunionnaises et des Réunionnais sont immenses, en juste proportion avec les besoins criants de se distinguer des autres populations régionales, de sortir définitivement notre territoire de son enclavement historique et géographique.
Je salue bien entendu le discours volontariste de politique générale du Président Macron à l’égard de La Réunion avec le forum Choose La Réunion, une ambition forte de faire de notre île un hub maritime pleinement connecté qui rayonne dans un Sud-Ouest de l’Océan Indien sécurisé, mieux surveillé, résolument inséré en matière de partenariats commerciaux et de marchés économiquesavec les pays de la zone. Des annonces ont également été faites en matière d’emploi, de formation, d’aménagement, de santé publique et de développement économique.
Tout cela peut aller dans le bon sens, mais je crains que ces mesures et ces solutions pour le moins tardives ne demeurent abstraites et que les bonnes volontés du Président de la République n’y suffisent pas. Mieux vaut tard que jamais dit-on, mais je rappelle que concernant les bassins de baignade, la chasse aux requins, l’éradication des épidémies de dengue ou de chikungunya, la lutte contre la leucose bovine, rien ou presque rien n’a été entrepris à temps, sans doute pour des raisons de procédures, de compétences parallèles, de normes et de réglementations.
Ce genre de situation, les Réunionnais n’en peuvent plus. Il faut que les élus et les services de l’Etat collaborent davantage, se mettent autour d’une table et trouvent de concert les solutions que la situation exige. Et si la loi n’est pas adaptée, il ne faut pas avoir peur de recourir au droit à l’expérimentation qui est à la disposition du Préfet et des parlementaires. Il en va de la responsabilité de chacun et pour ma part, je prends la mienne.
Je le dis et je le répète, les Réunionnais veulent pouvoir se déplacer, se former, travailler et consommer comme n’importe quel Français en Métropole. Les Réunionnais veulent pouvoir consommer des produits et des services français et européens en payant le juste prix, pas plus, pas moins. Et les possibilités d’une économie réunionnaise endogène, d’ancrage territorial ou de productions locales, nous les connaissons déjà, avec leurs limites et leurs déviances voire leurs abus. Le coût du fret et du conditionnement des produits ainsi que l’octroi de mer n’expliquent pas à eux seuls les prix très élevés qui se pratiquent à La Réunion.
Je souhaite que le Gouvernement prenne toutes les mesures nécessaires pour assumer la continuité territoriale des personnes, des biens et des marchandises entre la France métropolitaine, l’Europe et La Réunion. Je souhaite que La Réunion devienne la vitrine commerciale des produits et des services français et européens dans l’Océan Indien pour booster la consommation et l’économie touristique.
Je souhaite que La Réunion devienne un hub industriel dans plusieurs secteurs comme l’agroalimentaire, la pêche, les énergies renouvelables, la cosmétique, et pourquoi pas la voiture électrique destinée aux marchés africains et asiatiques, etc. Je souhaite que les filières locales agricoles, numériques, touristiques, etc. se structurent, se consolident et se développent davantage. Sur tous ces sujets, le Président de la République n’a donné aucune garantie de résultat, sauf celle qui viendrait de nous-mêmes, pour nous-mêmes et par nous-mêmes.
En effet, avant que les autres ne puissent choisir vraiment La Réunion pour produire, consommer et exporter, il faut que nous d’abord, les Réunionnais, choisissions La Réunion. C’est à nous de nous approprier le concept de Choose La Réunion pour en faire une réalité avant tout locale, une réalité de bien-vivre, de bien choisir et de bien agir ensemble.