Après des mois de sécheresse, les agriculteurs réunionnais ont dû faire face aux fortes pluies qui ont engendré des pertes estimées à plus de 6 millions d’euros. Le président de la chambre d’Agriculture - Jean-Yves Minatchy - dresse le bilan de la situation.
Selon vous, peut-on dire qu’on se trouve dans une situation inédite puisque les agriculteurs ont tout d’abord demandé le déclenchement de l’état de catastrophe naturelle pour faire face aux conséquences de la sécheresse avant de formuler la même demande suite aux fortes pluies.
Jean-Yves Minatchy : C’est une situation vraiment exceptionnelle, surtout avec la sécheresse qui est sans précédent sur l’île. Nous avons eu une réunion avec les anciens le 7 janvier dernier dans le Sud et la précédente sécheresse de cette envergure a commencé au mois de mai 1956 avant de s’achever en janvier 2007.
Est-ce que vous avez le sentiment de solliciter très régulièrement l’Etat ?
Jean-Yves Minatchy : L’agriculture est comme tous les secteurs économiques du département . Je pense qu’on sollicite l’Etat quand il le faut.
Des périodes de sécheresse suivies de périodes de pluies. Vous avez le sentiment que le climat a changé ?
Jean-Yves Minatchy : On nous avait dit il y a plusieurs années que nous serons confrontés à un réchauffement climatique de la planète. Je pense que nous subissons les conséquences de ce réchauffement. Les exemples sont nombreux, avec les inondations en Australie et dans d’autres régions du monde. Il y a vraiment un changement fondamental du climat.
En raison de ces changements climatiques, pensez-vous qu’il faut anticipier de nouvelles cultures, un nouveau mode de culture ?
Jean-Yves Minatchy : On ne peut pas changer les cultures en place à la Réunion car elles sont adaptées au climat tropical. C’est matériellement impossible de remplacer la canne, les maraîchages, les fruits et les pâturages pour les éleveur. On ne peut pas.
Les intempéries ont causé plus de 6 millions d’euros de pertes dans les exploitations de l’île. Est-ce un bilan définitif ?
Jean-Yves Minatchy : C’est une première estimation que nous avons fait par l’intermédiaire nos techniciens. Ce sont des fortes pluies qui se sont abattues sur l’île le week end dernier - samedi 29 et dimanche 30 janvier - et dès le lendemain, nous étions sur le terrain. Les pertes s’élèvent à 6,5 millions d’euros pour le maraîchage selon cette première estimation. Près de 305 hectares de maraîchage ont été ravinés ou quasiment anéantis, près de 220 kilomètres de voirie agricole ont été endommagés, 21 hectares de fleurs ont été ravagés (...). C’est un bilan provisoire mai nous aurons un bilan définitif, lundi 7 février au plus tard.
La canne est incontournable pour l’avenir de la Réunion. Le sucre de cannes, c’est le sucre le mieux vendu au monde.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien avec Jean-Yves Minatchy dans la vidéo ci-jointe.