Plusieurs communes souhaitent obtenir l’implantation d’un lycée, une compétence aux mains de la Région. Mais les projets sont rares et mettent du temps à sortir. Après l’inauguration du lycée de Bois-de-Nèfles en 2018, deux autres sont à l’étude.
Si la politique éducative donne rarement lieu à des empoignades politiques, l’enseignement, les lycées, la formation professionnelle n’en restent pas moins un gros morceau des compétences de la Région. Elle y consacre 218 millions d’euros cette année, soit un quart de son budget.
Il arrive pourtant que les débats s’enveniment, à l’image du divorce entre Serge Hoareau et Didier Robert au sujet du lycée hôtelier, qui était censé voir le jour à Petite-Île. La Région a décidé de le dépayser à L’Etang-Salé, en 2018, peu après le divorce de la droite (Serge Hoareau avait alors choisi le camp de Michel Fontaine). Trois ans après, le maire de Petite-Île juge toujours cette décision « impardonnable », raison pour laquelle il a choisi de soutenir Ericka Bareigts plutôt que le président sortant.
L’anecdote illustre à quel point les lycées sont des outils stratégiques pour la Région mais aussi pour les communes. L’implantation d’un nouvel établissement est toujours un puissant levier d’aménagement. Elle permet de rééquilibrer le territoire, de dynamiser un quartier, de créer un nouveau pôle urbain. Elle répond également à une logique de rattrapage puisque, rapporté au nombre d’élèves, La Réunion compte 2,5 fois moins d’établissements que le territoire national. Autrement dit chacun est deux fois et demi plus dense. On compte en moyenne 867 élèves par lycée à La Réunion.
Au cours des deux dernières décennies, le nombre d’élève a progressé de 20% sur notre territoire. Pas moins de sept établissements ont dû être ouverts depuis le début du siècle pour absorber la croissance démographique. Depuis peu, les effectifs se tassent. Ils pourraient même diminuer d’ici 2030, après un pic attendu ces deux prochaines années (qui correspond au regain de naissance de 2007-2008). Cette décrue devrait concerner la plupart des microrégions, à l’exception notable de l’Est, qui ne bénéficie, paradoxalement, d’aucun projet de lycées. En 2015, Didier Robert s’était engagé à déployer trois nouveaux établissements mais seul le lycée Mémona Hintermann-Afféjee (Bois-de-Nèfles Saint-Denis) a vu le jour, en 2018. Le lycée hôtelier de L’Etang-Salé et celui des métiers de la mer (prévu dans l’ouest) sont encore au stade d’étude.
Il existe, à ce jour, 48 établissements à La Réunion : 33 lycées d’enseignement général et technologique et polyvalents (dont 3 privés) et 15 lycées professionnels (dont 2 privés). Quelque 41 600 marmailles y sont formés cette année : 25 800 en filières générales et technologiques et 15 800 en filières professionnel. A ce total, on peut sans doute ajouter les 4 800 post-bac qui étudient au lycée, dans les classes préparatoires notamment.
Les établissement sont principalement déployés autour de la ceinture littorale, plus rarement dans les Hauts ou les mi-pentes (sauf au Tampon, à Saint-Paul et à Trois Bassins). Leur implantation épouse les principaux bassins de population. Saint-Denis compte ainsi 10 lycées pour 151 997 habitants. On recense six établissements à Saint-Paul (104 831 habitants), quatre à Saint-Pierre (85 868), Saint Louis (54 158) et Saint-Benoît (37 523), trois au Tampon (80 386), à Saint-André (57 207) et Saint-Joseph (38 018), deux au Port (33 795), à Sainte-Marie (33 657) et Sainte-Suzanne (23 939) et un seul à Saint-Leu (34 666), La Possession (33 034), Bras-Panon (12 967), Les Avirons (11 451) et Trois-Bassins (7 168).
Au total, 16 communes bénéficient d’au moins un lycée, ce qui veut dire que 8 en sont privées. Il s’agit de L’Etang Salé (14 308 habitants), Petite-Île (12 430), Salazie (7 298), L’Entre-Deux (6 979), La Plaine des Palmistes (6 665), Sainte-Rose (6 372), Cilaos (5 575) et Saint Philippe (5 215).
On observera que certaines communes, comme Trois-Bassins, Saint-Benoît, Saint-Joseph ou Sainte-Suzanne apparaissent relativement bien équipées au regard de leur population. Là où d’autres comme L’Etang Salé, Petite-Île, Saint-Leu, La Possession, Le Tampon et Saint-Pierre semblent moins bien dotées.
- Guillaume Kempf
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