Pour aider les entreprises, la Région a mis en place de nombreux dispositifs d’aide et d’accompagnement. Mais une clarification semble nécessaire, car les porteurs de projet ont parfois du mal à s’y retrouver. Le contexte d’urgence économique et sanitaire la rend très improbable à court terme.
En charge du développement économique la Région a pour mission d’aider et d’accompagner la croissance des entreprises. Par exemple en animant des pôles de compétitivité, en développant un écosystème favorable à l’innovation, en améliorant l’attractivité du territoire ou encore en posant les bases d’un réseau numérique à très haut débit.
La collectivité peut également verser des aides directes, soit sur fonds propres, soit via les fonds européens, dont elle a la gestion. Lorsqu’on cumule les deux, ce sont près de 130 millions d’euros qui sont injectés chaque année dans l’économie. Une manne cruciale pour les entreprises réunionnaises et pour l’emploi. En 2021, la Région a prévu de consacrer 74 M€ (8% de son budget) à l’action économique. Si toutes les filières sont théoriquement éligibles, la collectivité en a listé quatre prioritaires (le numérique, l’agroalimentaire, le tourisme et l’énergie/environnement) qui font l’objet d’un accompagnement renforcé.
Difficile de lister ici tous les dispositifs financés par la Région (chèque numérique, prime pour l’emploi, fonds de solidarité, aides aux commerces de proximité, chantiers d’insertion...) ou via les multiples organismes qu’elle soutient (Nexa, Technopole, Initiative Réunion, ADIE, Club export...). L’écosystème est tellement vaste qu’on a tendance à s’y perdre. Certains dispositifs se chevauchent, quand d’autres font défaut. Les critères d’éligibilité ne sont pas toujours très transparents. Sans parler des contraintes administratives, souvent très lourdes et chronophages pour les porteurs de projets, au point que beaucoup se découragent.
« Au cours des précédentes années de multiples réseaux et structures d’appui ont vu le jour et étendu progressivement leurs périmètres d’intervention, complexifiant ainsi le parcours des entrepreneurs », critique le Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Ce document de pilotage, élaboré en 2017 préconise une refonte des outils d’accompagnement. L’objectif ? Clarifier le rôle de chacun et réunir tout l’écosystème dans un réseau bien identifié, une sorte de guichet unique. Celui-ci proposerait un parcours adapté pour chaque besoin, de la création d’entreprise jusqu’à l’ouverture à l’international.
Dans le champs économique, l’action régionale repose aussi beaucoup sur Nexa (l’ex SR21), agence présidée par Olivier Rivière et dirigée par Gaston Bigey, cousin de Didier Robert. Cette Société d’économie mixte, chargée du marketing territorial (la promotion de l’île auprès des investisseurs extérieurs) et d’un observatoire économique, a été transformée en agence régionale d’investissement en 2013. Cela lui permet de prendre des participations dans des entreprises innovantes, pour pallier le manque d’investisseurs privés. Pour l’heure, son bilan est plutôt mitigé : les deux entreprises dans lesquelles elle a investi, Bioalgostral (3 millions d’euros) et Oscadi (1,16 M€), ont fait faillite.
Si le SRDEII invite à repenser tout cet écosystème, le contexte de crise sanitaire ne s’y prête guère. L’attention des pouvoirs publics est aujourd’hui focalisée sur la relance économique et la sauvegarde des entreprises en difficultés. L’an dernier, la Région a mobilisé 80 millions d’euros pour financer des aides économiques d’urgence ainsi que des « chèques tourisme », destinés à soutenir la filière. Distribué sous conditions de ressources, le chéquier « Mon île 974 », d’une valeur de 300€ (15 chèques de 20€) est utilisable auprès des hôtels, restaurants et prestataires de loisirs. Près de 53 000 familles modestes y sont éligibles. Le dispositif, qui devait s’arrêter en décembre, a été prolongé jusqu’à fin juin.
Lors de la dernière Conférence territoriale de l’action publique, qui s’est tenue fin mars, l’Etat, la Région et le Département ont annoncé qu’ils allaient injecter conjointement plus d’un milliard d’euros à La Réunion pour favoriser la reprise économique sur la période 2021-2023. Les entreprises devraient bénéficier assez largement de ce plan de relance, dont une partie profitera également aux communes (LIEN vers les aides aux communes). A elle seule, la Région a prévu de mobiliser 461 millions d’euros, dont 136 M€ de fonds propres et 325 M€ de fonds européens (React-UE + Feder).
- Guillaume KEMPF
Enjeu pour la Région : l’après-NRL
Enjeu pour la Région : finir la NRL
Enjeu pour la Région : le transport ferré
Enjeu pour la Région : les aides aux communes
Enjeu pour la Région : le développement des Hauts
Enjeu pour la Région : la pression foncière
Enjeu pour la Région : les déchets
Enjeu pour la Région : l’autonomie énergétique
Enjeu pour la Région : Pierrefonds
Un regard sur LINFO : des maires à l’étroit dans leurs communes