Faute de budget suffisant, les communes sont souvent tributaires des finances régionales pour construire leurs équipements de proximité. Les adversaires de Didier Robert dénoncent une instrumentalisation politique de ces aides. Sur les 13 maires qui bénéficient du plan de relance régional, 10 figurent parmi ses soutiens.
Y a-t-il une instrumentalisation politique des aides aux communes ? C’est la petite musique qui revient en boucle parmi les candidats aux élections régionales, où ils sont, rappelons-le, pas mois de 5 maires à se présenter.
L’accusation est portée notamment par Ericka Bareigts, qui présente sa candidature, comme une manière de corriger une injustice. « Saint-Denis, c’est 60€ par an par habitant d’aides régionales pendant que d’autres ont 2 500€ par an par habitant », a chiffré la maire de Saint-Denis. Lors de la présentation de son programme, celle-ci a réclamé plus de « transparence » et une « répartition juste des aides régionales ». Un argument rejeté en bloc par la Région.
Difficilement vérifiables, les chiffres avancés par les uns et par les autres sont d’autant plus difficiles à démêler qu’ils ne concernent pas toujours le même périmètre. Parle-t-on des aides directes de la Région ? Des aides européennes qu’elle pilote ? Ou des recettes (strictement encadrées) reversées au titre de l’octroi de mer ? C’est loin d’être toujours clair.
Les soupçons sont attisés par certains dossiers emblématiques, où Didier Robert a pu donner l’impression de conditionner son soutien financier aux ralliements politiques des uns et des autres. On pense notamment à l’incinérateur de Pierrefonds, porté par Michel Fontaine. Un projet soutenu puis combattu par la Région, après l’éclatement de l’union de la droite en décembre 2017.
La question est devenue particulièrement sensible avec la crise sanitaire, qui a donné lieu à un plan de relance régional. La Région a prévu de mobiliser 461 millions d’euros (136 M€ de fonds propres et 325 M€ de fonds européens React-UE + Feder) pour soutenir l’économie réunionnaise et la commande publique. Bénéficiaires de ces mesures, les communes peuvent demander à la Région de cofinancer certains de leurs projets.
Au total, 13 conventions de partenariat ont déjà été signées entre la Région et les communes de Saint-Pierre, Le Tampon, Salazie, Les Avirons, Étang-Salé, Saint-Leu, Saint-Joseph, La Plaine des Palmistes, Bras-Panon, Sainte Marie, Saint Philippe et Saint André. La dernière signature en date a été l’occasion pour Didier Robert de déclarer sa candidature, le 26 mars à L’Entre-Deux, aux côtés de Bachil Valy, référent local de la République en marche.
Les mauvaises langues relèvent que cette liste se superpose quasiment avec celle des partisans du président de Région. Sur les douze maires, qui le soutiennent, dix figurent parmi les communes financées. C’est le cas de Richard Nirlo (Sainte-Marie), Johnny Payet (La Plaine des Palmistes), Stéphane Fouassin (Salazie), Olivier Rivière (Saint-Philippe), André Thien Ah Koon (Le Tampon), Michel Fontaine (Saint-Pierre), Jeannick Atchapa (Bras-Panon), Jean-Claude Lacouture (L’Etang-Salé), Éric Ferrère (Les Avirons) et Bruno Domen (Saint-Leu).
A l’inverse, les financements régionaux semblent échapper aux têtes de listes concurrentes, puisque ni Saint-Denis (Ericka Bareigts), ni Saint-Paul (Huguette Bello), ni Le Port (Olivier Hoarau), ni La Possession (Vanessa Miranville) n’ont signé de convention. Quatre communes qui hébergent pourtant 37% de la population réunionnaise. Seule exception notable : Saint-Joseph. Patrick Lebreton, est le seul candidat à bénéficier de cette manne régionale.
- Guillaume KEMPF
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