Pour résoudre les embouteillages, la Région propose de déployer Run Rail, un train léger qui traversera le chef lieu par le boulevard Sud. Mais cette infrastructure suscite la controverse pour son coût et son tracé. Ils risquent de faire doublon avec TAO, un tramway concurrent porté par la Cinor.
Près d’un demi-siècle après la disparition du "Ti Train" et dix ans après l’abandon du tram-train, le transport ferroviaire est peut-être en train de faire son grand retour à La Réunion. Il y a même abondance de projets. Pas moins de deux collectivités, la Région et la Cinor, portent un projet de tramway. Dévoilé en 2018, le projet régional, baptisé, "Run Rail", a succédé au projet de monorail, sorte de métro aérien, que Didier Robert s’était engagé à déployer, lors de sa réélection en 2015.
Cette fois, il s’agit d’un projet de « train léger » (ou tramway rapide) qui s’inscrit dans un objectif beaucoup plus vaste, de « Réseau régional de transport guidé » (RRTG). Ce sigle un peu barbare désigne la future colonne vertébrale des transports interurbains, à savoir 150 km de voies dédiées entre Saint-Benoît et Saint-Joseph via Saint-Denis. A vrai dire, l’essentiel de ce parcours s’effectuera en "bus express". La partie ferroviaire ne concernera, dans un premier temps, que la traversée de Saint-Denis (via le boulevard Sud) et son entrée Est jusqu’au quartier de Duparc à Sainte-Marie. Soit un tronçon de 10 km et de 10 stations, qui englobera l’aéroport Roland Garros, la Technopole et le campus du Moufia. Une extension est envisagée vers l’Est, mais elle n’est pour l’instant pas programmée.
Run Rail devrait parcourir la ligne de bout en bout en 20 minutes environ. Les premières études tablent sur un train toutes les 7 à 8 minutes en heure de pointe avec une fréquentation espérée de 30 000 à 50 000 passagers par jour. Le montant de l’investissement est annoncé à 300 millions d’euros pour une mise en service, fin 2023, début 2024.
Mais de grosses incertitudes planent encore sur le financement du projet, qui a fait l’objet de sérieuses critiques de la part de la Commission nationale du débat public (CNDP), fin 2019. Cet organisme national, chargé de superviser la concertation citoyenne, s’est inquiété de l’articulation de Run Rail avec le projet TAO de la Cinor, qui porte sur la même zone géographique, pour un coût estimé à 400 millions d’euros et une livraison souhaitée en 2024-2025.
Paris redoute que les deux projets se fassent concurrence, que leurs coûts soient sous-estimés et que les deux chantiers, menés de front, n’aboutissent à la paralysie totale du chef-lieu pendant la durée des travaux. Très critique, la maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts a déjà fait part de ses réserves. Quant au projet de TAO, il est porté par son vice-président aux transports, Jean-Pierre Marchau, également candidat aux régionales. Dès lors, tous les ingrédients sont réunis pour que les tramways, dont on n’entend plus beaucoup parler depuis les municipales, resurgissent dans le débat.
- Guillaume KEMPF
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