Malgré un potentiel immense, les Hauts ont longtemps été les grands oubliés du développement. Une stratégie a été mise en place dans les années 1970 pour corriger ces déséquilibres. Mais ce modèle s’essouffle.
Ile volcanique au relief acéré, La Réunion a basé tout son développement sur son pourtour littoral, qui concentre l’essentiel de ses infrastructures, de son économie... et de ses embouteillages. Contraint par la géographie, ce modèle d’aménagement pose la question de la valorisation du reste du territoire, ces fameux Hauts, parfois décrits comme la 5e microrégion.
On classe, derrière ce terme, tout notre patrimoine naturel classé à l’Unesco : nos pitons, nos cirques, nos remparts, notre volcan. Mais il recouvre également tous les écarts agricoles, ainsi que toutes ces banlieues dortoirs, qui se développent sur les pentes à mesure que le prix du foncier chasse les acheteurs des centres urbains. Des réalités très hétéroclites, donc. Leur point commun ? Toutes ces zones souffrent d’un criant déficit d’infrastructures.
Leur potentiel est pourtant immense, en termes de développement agricole et touristique. C’est en tout cas, ce que ne cesse de proclamer la classe politique, pour qui la question du développement des Hauts, semble faire consensus. La question du développement agricole, notamment, est ultra-stratégique, à l’heure où l’on parle de plus en plus d’autonomie alimentaire.
Mais si des projets émergent régulièrement autour de la valorisation des cultures (lentilles, curcuma, géranium, café, thé...), du patrimoine, des sentiers, du tourisme ou de l’agrotourisme beaucoup d’autres périclitent faute de modèle économique éprouvé, de clientèle suffisante ou d’accompagnement adéquat.
A cela s’ajoutent, les nouvelles contraintes environnementales, qui font l’objet de polémiques régulières visant le Parc national. Ce dernier est accusé de brider le développement économique et d’entraver les porteurs de projets. Lors de sa réélection en 2015, Didier Robert avait promis de « libérer la terre réunionnaise des contraintes administratives inadaptées ». Il ciblait en particulier le Parc, qu’il proposait de « régionaliser ». Ce projet, difficile à mettre en œuvre d’un point de vue juridique, n’a jamais vu le jour.
Dans les années 1970, un Plan d’aménagement des Hauts avait été mis en place pour freiner la désertification. Une stratégie payante qui a favorisé l’émergence des interprofessions (bœuf, volaille, porc...) et la remise en culture de nombreuses friches. En 2014, le « Commissariat des Hauts » étatique a cédé la place à un « Secrétariat général des Hauts », dont la gouvernance est désormais partagée avec la Région, le Département et le Parc national.
Sa mission est loin d’être simple. Inventer un nouveau modèle, là où l’ancien semble de plus en plus à bout de souffle.
- Guillaume KEMPF
Enjeu pour la Région : la pression foncière
Enjeu pour la Région : les déchets
Enjeu pour la Région : l’autonomie énergétique
Enjeu de la Région : Pierrefonds
Un regard sur LINFO : des maires à l’étroit dans leurs communes