Garante des équilibres géographiques, la Région doit répondre à un besoin croissant de logements, tout en limitant l’étalement urbain, qui grignote les espaces naturels. Les terres agricoles notamment sont sous pression.
Qu’il paraît loin le temps de nos aînés, où l’on pouvait acquérir des hectares pour quelques sous. D’année en année, le prix des terrains ne cesse de s’envoler, comme le découvrent à leurs dépens, tous les jeunes couples qui cherchent à s’installer. Dans une île qui comptera bientôt 1 million d’habitants, la terre est devenue une denrée rare, précieuse, disputée. L’objet de bras de fer incessants entre une kyrielle d’intérêts contradictoires : agriculteurs, promoteurs immobiliers, sentinelles de l’environnement, acteurs du tourisme... Ceux de la population également, qu’il faut bien loger quelque part.
Si beaucoup de ces arbitrages se réalisent à l’échelle des communes (PLU, permis de construire, déclassements agricoles, etc.), c’est la Région qui est garante des équilibres globaux. C’est elle qui cartographie les zones d’urbanisation, d’activités économiques, forestières, touristiques... Tous ces objectifs sont consignés dans le SAR, le Schéma d’aménagement régional, un document de planification ultra-stratégique.
Entre 1990 et 2010, près de 182 000 logements ont été construits à La Réunion, soit un doublement du parc en 20 ans. En 2019, on recensait 30 242 hectares de zones urbanisées. Ces deux dernières décennies, la « tache urbaine » a grignoté 400 hectares par an en moyenne.
Si ce rythme a quelque peu ralenti (+ 160 hectares par an désormais), la pression reste forte sur les milieux naturels. Les sols, lorsqu’on les bétonne, ne jouent plus leur rôle de drain, ce qui augmente les risques d’inondations et d’incendies. Pendant les épisodes de pluie, certains quartiers sont confrontés à des inondations qu’ils n’avaient jamais connues par le passé. Elles sont souvent la conséquence d’une urbanisation excessive en amont.
Cet étalement urbain, qui dégrade les paysages et fragilise la biodiversité, est aussi synonyme d’embouteillages, avec des actifs qui s’installent de plus en plus loin de leurs lieux de résidence. C’est donc un enjeu collectif, même s’il est difficile d’expliquer à chacun qu’il est plus responsable d’habiter un immeuble en centre-ville plutôt que de construire une case à terre sur un terrain familial déclassé. Surtout quand les immeubles en question, sont bourrés de malfaçons, parce que construits à la chaîne pour répondre à une demande croissante. C’est une des équations à résoudre.
Une autre concerne l’agriculture. Les décennies 1980 et 1990 ont été ravageuses. Elles ont vu disparaître 10 000 hectares, soit quasiment 20% du foncier agricole. Une vigilance plus forte des pouvoirs publics a permis de stabiliser la surface agricole utile autour de 42 000 ha depuis les années 2000. Mais cette apparente stabilité ne reflète pas la réalité des spéculations, qui restent fortes. Régulièrement, des parcelles bien placées, à fort potentiel agronomique sont déclassées pour être compensées par des terrains escarpés des Hauts, où les rendements sont beaucoup plus faibles.
- Guillaume KEMPF
Enjeu pour la Région : les déchets
Enjeu pour la Région : l’autonomie énergétique
Enjeu de la Région : Pierrefonds
Un regard sur LINFO : des maires à l’étroit dans leurs communes