Alors que la Région entend démarrer un nouveau cycle de grands chantiers, des doutes émergent sur sa capacité à les financer, car sa dette a franchi le seuil d’alerte. Le secteur du BTP, lui, s’inquiète de l’épuisement des matériaux.
La livraison de la Route des Tamarins en 2009, avait ouvert une période de crise de la construction, frappée de plein fouet par le tarissement de la demande publique. Faut-il s’attendre à un trou d’air similaire, une fois fini le chantier de la NRL ? Pas dans l’esprit de la Région, qui s’est engagée à déployer le tramway Run Rail, qui traversera Saint-Denis d’Est en Ouest. Reste à savoir quelle sera sa capacité à financer une nouvelle génération de grands chantiers.
En 2021, la dette de la Région s’établit à 1,3 milliard d’euros, ce qui représente 1500 € par habitant et un doublement de l’encours au cours de la dernière mandature (l’endettement était de 588 M€ en 2015). De quoi donner une idée des traces que va laisser la Nouvelle route du Littoral dans les finances régionales, alors qu’un appel d’offres va être relancé pour construire la dernière portion de digue.
La crise sanitaire n’a certes rien arrangé. Confrontée à des dépenses en hausse et à des recettes en baisse, la collectivité doit emprunter 248 millions d’euros pour boucler l’année 2021. Soit plus du quart (28%) de son budget ! Interpellé par les élus de l’opposition en décembre, Didier Robert avait défendu sa gestion financière, en expliquant que la structure d’endettement était saine (car remboursable à moyen long terme) et que l’agence de notation Fitch venait de relever ses perspectives (la Région est notée A-).
Reste que la capacité de désendettement de la collectivité s’est nettement dégradée. Elle atteint désormais 11,5 années, dépassant le seuil d’alerte de 9 ans, établi dans la loi de programmation des finances publiques. A titre de comparaison, cet indicateur se situe entre 4 et 5 ans pour la moyenne des régions de France. L’endettement amoindrit également les marges de manœuvre financières de la Région, qui consacre près de 100 millions d’euros par an (11% de son budget) à rembourser sa dette et ses intérêts.
A ces finances tendues, s’ajoutent de grosses incertitudes sur la disponibilité des matériaux de construction. Récemment, le Ceser a tiré la sonnette d’alarme, en pointant un risque de pénurie imminente. Dès cette année, l’ensemble des carrières de la zone ouest, seront épuisées ou cesseront de fonctionner, ce qui obligera à transporter le sable et le gravier depuis les sites d’extraction de l’Est ou du Sud. Concrètement, cela veut dire un regain de camions sur nos routes, ainsi que des frais supplémentaires pour le secteur de la construction, déjà confronté à une flambée du prix des matériaux. L’inquiétude est telle que plusieurs chantiers sont aujourd’hui gelés, dans l’attente d’une réévaluation de leurs coûts.
Dans son rapport, le Ceser invite les collectivités à anticiper ces bouleversements à venir en promouvant un « usage raisonné » des matériaux de construction pour sortir du « tout béton ». Le défi de taille. Car les besoins sont immenses. Selon l’Insee, il faudrait produire 7 700 nouveaux logements par an jusqu’en 2035, rien que pour absorber la croissance de la population.
- Guillaume KEMPF
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