Pour soulager le trafic routier, il faudrait développer les transports collectifs. Mais les bus peinent à séduire de nouveaux publics et souffrent d’une image dégradée. Ils ne représentent que 7% de nos déplacements.
La crise sanitaire n’a sans doute rien arrangé. Les bus souffrent d’une mauvaise image. Les utilisateurs les jugent trop lents et pas assez fiables. Et pour cause. En l’absence de voies dédiées, les transports en communs n’échappent pas aux embouteillages. Ils sont également bondés aux heures de pointe, obligeant parfois à jouer des coudes pour monter à bord.
Toutes ces raisons expliquent la frilosité des actifs, peu nombreux à prendre le bus, par crainte des retards. On estime que 82% des Réunionnais utilisent une voiture pour se rendre au travail. Et ils y circulent seuls, la plupart du temps. Les usagers du bus sont souvent ceux qui n’ont pas le choix : majoritairement des scolaires, des étudiants ou des publics précaires qui ne peuvent s’acheter une voiture.
Globalement, les transports en commun ne représentent que 7% de nos déplacements : 2% pour le transport scolaire et 5% pour les services urbains (Citalis, Alterneo, Kar’Ouest, Estival) et interurbains (Cars jaunes). Cette part est de 18% au niveau national. La Région s’est fixée l’objectif d’atteindre 15% en 2030, mais cette ambition semble, en l’état, hors de portée.
La dernière décennie a toutefois permis de poser une ébauche de stratégie pour le développement des transports en commun. Celle-ci repose sur le développement d’un réseau régional de transport guidé (RRTG), soit 150 km de voies dédiées entre Saint-Benoît et Saint-Joseph. Objectif : 110 km avant 2030. Contre une trentaine à l’heure actuelle.
Autre piste : améliorer l’expérience des utilisateurs grâce à des correspondances plus fluides ou à un titre de transport unique, qui permettrait par exemple de passer d’Alterneo aux Cars jaunes sans changer de ticket. C’était la mission du Syndicat mixte des transports (SMTR), créé en 2014 pour fluidifier la coopération entre les réseaux de bus. Mais cette instance politique a volé en éclat depuis deux ans, sur fond de duel à distance entre Michel Fontaine et Didier Robert. Plusieurs collectivités menacent aujourd’hui d’en claquer la porte.
Véritable chef d’orchestre de la mobilité sur le territoire, la Région gère également le réseau interurbain des Cars jaunes, une compétence qu’il a récupéré du Département en 2017. Mais les relations sont compliquées avec les entreprises de transport de voyageurs qui assurent ce service. Alors que l’offre paraît sous-dimensionnée sur certaines lignes, la collectivité et les transporteurs peinent à s’entendre pour faire évoluer le contrat qui les lie jusqu’en 2024 pour un budget de 30 millions d’euros par an environ. En juin 2020, les Cars jaunes ont fait grève pour protester contre des pénalités financières réclamées par leur donneur d’ordre public. Les transporteurs se montrent également très hostiles à la gratuité ; un débat que Didier Robert avait proposé d’ouvrir dans la foulée des Gilets jaunes et qui n’a finalement pas eu lieu.
- Guillaume KEMPF
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