Il a fallu une crise sanitaire pour mettre en sommeil la continuité territoriale, un dispositif chaque année plus populaire depuis sa création. En 2019, avant que le Covid cloue les avions au sol, la Région avait émis 158 000 bons, un record. Mais la Chambre régionale des comptes s’inquiète du coût croissant de la mesure qui a doublé en 5 ans.
Très populaire, l’aide régionale à la continuité territoriale est une des mesures phares mises en place par Didier Robert.
Elle a été instaurée, lors de son premier mandat, en 2010. D’abord en complément d’une aide de l’Etat (via Ladom), puis, à partir de 2015, sous la forme d’un dispositif régional autonome, au succès grandissant.
De 40 000 bénéficiaires en 2010, on est passé à 96 000 bons distribués en 2015 pour atteindre 158 000 en 2019, année qui marque l’apogée du dispositif. Au total plus d’un millions de bons ont été émis au cours de la dernière décennie.
Les conséquences ne sont pas neutres pour les finances de la Région, qui voit l’enveloppe budgétaire exploser à 55 millions d’euros en 2019, contre 29 millions cinq ans plus tôt. De quoi alerter la Chambre régionale des comptes, qui s’interrogeait fin 2019 sur « la soutenabilité financière » de la mesure.
Si la crise sanitaire est passée par là (seulement 82 000 bons émis en 2020 et 17 millions d’euros budgétés en 2021), le financement de la continuité demeure une épée de Damoclès sur les finances de la Région. En 2020, la collectivité a renoncé à financer le « volet B » de la continuité, autrement dit la mobilité des Réunionnais installés en métropole. Cette aide complémentaire, instaurée en 2016, soulevait des questions juridiques ; la Région intervenant en dehors de sa zone de compétence.
Aujourd’hui, certains candidats s’interrogent sur le coût et l’efficacité d’une aide, qui absorbe une part croissante des finances régionales. Le contexte n’est plus le même qu’en 2010. Le renforcement de la concurrence a fait baisser le prix des billets entre La Réunion et Paris. Au point qu’il est parfois moins cher de voyager 11h pour se rendre en métropole, avec un bon, plutôt que de visiter à Maurice, à moins d’une heure. Cela pose la question de l’efficacité environnementale d’une telle subvention.
Alors faut-il réformer la continuité territoriale ? Réduire le montant de l’aide ? Modifier les plafonds de ressources ? Contraindre l’Etat à reprendre le flambeau ? Ou ne rien changer du tout ? Le président sortant, Didier Robert, s’est d’ores et déjà posé en rempart de la continuité et accuse ses adversaires de vouloir la démanteler.
- Guillaume KEMPF