Depuis la crise sanitaire, Air Austral, a sollicité à deux reprises le soutien financier de la Région, qui aura injecté plus 150 millions d’euros dans sa « filiale » au cours de la dernière décennie. Confrontée à une concurrence de plus en plus féroce, la compagnie régionale s’interroge sur son avenir dans le long courrier.
Voilà plus d’un an que des milliers d’avions sont cloués au sol, en raison du contexte sanitaire. Air Austral n’échappe pas à la règle. Toutes ses lignes internationales sont fermées depuis mars 2020, une situation extrêmement coûteuse pour la compagnie aérienne, qui doit continuer à régler les loyers de ses avions, ses frais fixes et ses salaires.
Si certaines de ces charges sont prises en charge par l’Etat dans le cadre de l’activité partielle longue durée, la compagnie aérienne, détenue majoritairement par la Région Réunion (via une société d’économie mixte, la Sematra) se trouve particulièrement exposée. Non seulement elle a été privée de recettes du fait de la quasi-absence de trafic, mais elle est également confrontée à une concurrence de plus en plus féroce des compagnies françaises, qui tentent de rattraper sur l’outre-mer toutes leurs lignes fermées.
Air Austral se voit ainsi concurrencée à Mayotte, par Corsair, tandis qu’Air France reconnecte La Réunion à son hub de Roissy, deux de ses chasses gardées. Ces offensives l’amènent à s’interroger sur la pertinence de sa présence sur long courrier.
En mai 2020, Air Austral a sollicité le mécanisme des prêts garantis par l’Etat, qui lui ont permis de lever 120 millions d’euros (M€) d’emprunt. Sur cette somme, 30 M€ provenaient d’un prêt d’actionnaire de la Sematra. Plus récemment, en mars dernier, une nouvelle rallonge de 60 M€ a été sollicitée, partagée à 50/50 entre l’Etat et la Sematra.
Depuis 2012, c’est la quatrième fois que la Région est amenée à refinancer Air Austral. Au cours de la dernière décennie, la collectivité régionale aura injecté plus de 150 millions d’euros dans sa « filiale » qui emploie 950 salariés pour environ 400 millions d’euros de chiffre d’affaires.
- Guillaume KEMPF