Yvan Combeau décrypte le premier jour de la campagne des municipales. Une étape qui s’annonce cruciale pour de nombreux candidats. Le politologue parle d’une "véritable bataille politique".
Yvan Combeau, politologue était l’invité du Journal Télévisé d’Antenne Réunion ce lundi soir. A un peu moins de deux semaines des élections municipales, il s’est penché sur l’évolution d’une campagne qu’il qualifie de "dynamique".
Nous sommes à une étape clé, à 13 jours du premier tour. A quoi est associé ce début de campagne, à une posture politique plus agressive ?
Plus agressive si vous voulez, en tout cas, c’est plus dynamique car il faut accélérer une fois encore. Tout cela se joue dans 2 semaines. On le voit par exemple avec la venue de Bruno Le Maire, et sa tonalité qui n’avait plus rien a voir avec l’agrégé de lettre, l’ancien de Normale Supérieure. Là il était passé dans un registre un brin manichéen, les bons, les méchants : on a entendu du Bruno Le Maire qu’on avait jamais entendu. Il suffit de se rappeler les débats qu’il a eu avec Najat Vallaud-Belkacem qui étaient beaucoup plus posés. On assiste la à une vraie bataille politique.
Ceux qui pensent toujours qu’il ne s’agit que d’élections locales, ont du se rendre compte que l’enjeu était plus politique en écoutant Bruno Le Maire. Parfois même avec une vision un peu simpliste de la vie politique réunionnaise.
Sur un plan local, à chacun sa posture politique, à chacun ses arguments de campagne, on pense notamment à René-Paul Victoria qui a choisi le pôle Océan pour réunir ses militants.
Oui, on assiste a un retour à 2008. On veut refaire non pas le match, mais l’élection. Je ne sais pas si c’est une très bonne stratégie politique de revenir sur le même lieu, où il y a déjà eu débat. Parce que ce qui va revenir sur la table , c’est bien sur le bilan 2008/ 2014 du maire sortant. C’est globalement l’enjeu de toutes les élections des 24 communes sauf quand les maires sortants ne sont pas présents directement. Dans ces cas on revient sur les promesses, et on les évalue, notamment sur celles auxquelles on avait pas crue. Avec les difficulté financières on attend des promesses réalisables. Le retour sur 2008 n’est donc pas toujours judicieux.
A retenir également dans l’actualité politique du week-end, le meeting politique de Joseph Sinimalé en présence de Didier Robert et de Nassimah Dindar. Peut-on parler d’une démonstration de force ?
Démonstration de force, oui, on l’a beaucoup lu dans la presse. Si on regarde la mobilisation et la présence de la droite qui a réussi contrairement à Saint-André au Tampon ou à Saint-Denis ou elle est divisée. Mais il faut faire attention si on rapporte le nombre des présents convaincus à ce qu’ils représentent dans la commune de Saint Paul : il y a encore beaucoup à faire. Il y’a la figure de la maire sortante, et il y a une bataille engagée. On le voit bien avec cet appel à la sur-mobilisation dans la commune.
Temps fort politique également pour les socialistes de l’est avec l’entrée en scène de Monsieur Fruteau.
Oui on assiste à l’arrivée d’une autre figure dans l’est. Ce serait notamment intéressant de voir à Saint Benoit, le rôle et le poids des opposants. Savoir si ils arriveront à mettre en ballottage Monsieur Fruteau. En même temps on voit qu’il est déjà présent par avance dans d’autres batailles, on l’a vu notamment à la Plaine des Palmistes où il est venu soutenir le maire sortant. On remarque déjà des dynamiques territoriales qui s’opèrent et des placements qui sont en lien tout simplement avec la configuration politique. Mais derrière ces façons de faire campagne on distingue bien ceux qui sont déjà médiatiques, et leurs utilisation de la presse, et ceux qui au contraire veulent surfer sur moins de médiatisation et cherchent le contact rue par rue. C’est un choix de certains, qui peut s’avérer efficace électoralement.