Au lendemain des élections municipales, certains employés de mairie présents sous la précédente mandature, sont la cible de discriminations, de pressions, et d’intimidations. Ils ont accepté de témoigner.
La pratique est courante, mais très peu osent s’exprimer, par peur de représailles ou par crainte d’aggraver leur situation. La chasse aux sorcières s’organise bel et bien dans certaines communes, à l’issue des élections municipales.
Les menaces ciblent les employés communaux n’ayant pas participé à la campagne électorale pour le maire élu, ou pire, ceux ayant soutenu un autre candidat.
JL*, est employé dans une mairie. Depuis lundi, lendemain des élections, il estime être victime d’une chasse aux sorcières, après avoir assisté à deux meetings d’un autre candidat. "Je ne sais plus quoi faire, si je dois venir au boulot ou rester chez moi. Je suis menacé de me faire casser la figure, je ne peux plus trop sortir librement car je ne sais pas qui me cherche", explique l’employé qui a souhaité conserver l’anonymat.
Un autre salarié a lui mené campagne pour un candidat qui n’a pas été élu. Aujourd’hui, il n’ose plus se rendre sur son lieu de travail, par peur de représailles. Les deux hommes indiquent que les menaces ont débuté bien avant l’élection : "on me disait, arrête de suivre ce candidat, on va te couper la tête et tu ne retrouveras pas ton boulot", explique l’un d’eux.
Pour un dernier homme présent dans la mairie depuis plus de 20 ans, ces intimidations, visent clairement à les dégoûter et à les mener à la démission : "leur maire leur a promis des contrats et il faut qu’il en jette un peu dehors pour pouvoir en mettre à la place."
Si cette chasse aux sorcières semble moins visible que par le passé, les salariés de certaines communes se disent inquiets et craignent pour leur avenir. Beaucoup préfèrent se retrancher dans le silence pour ne pas aggraver la situation.
Jean-Pierre Lallemand, président du syndicat autonome de la Fonction publique territoriale de la Réunion refuse de telles pratiques. "Ce sont des règlements de compte, on va menacer de licenciement pour des emplois précaires, on sait qu’il y en à La Réunion, on va menacer de les placardiser les collègues en leur enlevant leurs fonctions leurs missions, on les menace de mutation", déplore-t-il.
Le syndicat prévient qu’il saisira la justice pour faire condamner les maires. Le dernier jugement du type remonte à moins de 3 mois.
*nom d’emprunt