La députée Ericka Bareigts évoque le rachat de Vindémia et propose un moratoire sur les grandes surfaces à La Réunion.
À La Réunion, la question de l’emploi et du pouvoir d’achat monopolisent l’attention. Ces deux sujets sont intimement liés à la création d’activité sur notre territoire, avec dans l’idéal, des bénéfices qui restent à La Réunion. Cette question de l’identité économique est pourtant rarement abordée, si ce n’est sous le prisme de l’emploi local.
L’annonce de la vente du groupe Vindémia au Groupe Bernard HAYOT (GBH) a été cet électrochoc qui nous manquait, même si la prise de conscience paraît tardive.
Elle souligne sans doute un manque de vision collective, un projet commun pour faire entrer La Réunion dans la compétition mondiale.
Dans une tribune inédite de part la liste des signataires, nous avons su porter une voix commune sur un sujet engageant l’avenir de La Réunion. Aujourd’hui, nous pouvons compter sur le soutien de l’ensemble des parlementaires et des deux grandes collectivités locales. Dès lors, nous devons agir pour aller plus loin avec tous les élus sont concernés, à chaque strate administrative qui a voix au chapitre du développement économique et de l’aménagement commercial.
Certes, le Président de la république et le gouvernement doivent assumer les
engagements pris dans le Livre Bleu. C’est ce que nous avons voulu rappeler dans le
courrier adressé au Président de la République. Il convient également que le
gouvernement veille à faire appliquer les lois concernant l’Outre-mer existantes qui
permettent par exemple de développer la concurrence pour éliminer les situations de
monopole et d’oligopole qui freinent nos possibilités de développement.
La grande distribution à La Réunion doit prendre des engagements vis à vis des
Réunionnais, comme nous devons prendre des engagements pour notre territoire. Alors
que certains chefs d’entreprises se sont sentis “touchés” par les manifestations des
Gilets Jaunes, nous attendons concrètement des actes forts de ces acteurs économiques
réunionnais. Par exemple, une charte d’engagement éthique et durable, cosignée avec
les citoyens et les associations de consommateurs, pour faire une place plus grande à
notre production locale. Ce serait respecter le travail de nos petits agriculteurs qui
doivent pouvoir vivre de leur labeur.
Ne plus pratiquer de marges arrières qui se répercutent sur les consommateurs qui ne
voient jamais les prix baisser, et qui pour les plus modestes doivent avoir recours aux
produits de dégagement, ou des produits de basse qualité, pour nourrir leurs familles. Il
est encore utile de rappeler que le taux de diabète est trois fois supérieur à celui de la
France hexagonale.
En parallèle, nous appelons à un moratoire sur l’ouverture de grandes surfaces à La
Réunion et favoriser un nouveau modèle de commerce de proximité. Ce sera un signal
fort vers nos centre-villes, les quartiers parfois isolés, envers ces femmes et ces hommes
qui ont fait le choix du service plutôt que du bénéfice. Ce serait redonner un sens au
commerce pour qu’il redevienne un lieu de vie et non de consommation.
Le monde politique a su se réunir sur ce dossier. Le nouveau modèle économique est le
véritable enjeu, et non pas ce qui peut apparaître aux yeux de nos concitoyens comme la
défense d’intérêts économiques de grands groupes privés. Nous comptons donc sur les
Présidents consulaires pour faire avancer collectivement cette cause là où ils partagent
le pouvoir politique.
Le monde économique doit pouvoir également le faire et montrer sa capacité à se
dépasser pour l’intérêt à long terme du territoire de La Réunion.
La réponse est aussi au citoyen qui doit vraiment prendre sa place en tant que
consom’acteur.
Éricka BAREIGTS