Cyrille Melchior, largement en tête dans son canton, a mis une sérieuse option pour sa réélection à la Présidence du département. Mais tout dépendra de la couleur politique de la future assemblée, qui pourrait se rééquilibrer légèrement vers la gauche. Serge Hoareau, réélu dès le premier tour, reste en embuscade.
Un rapide tour d’horizon laisse présager un léger rééquilibrage de l’assemblée départementale vers la gauche. Mais la droite a de grandes chances de rester majoritaire, le 27 juin. Voici tout ce qu’il faut retenir sur le premier tour des élections départementales, qui a eu lieu hier.
La forte abstention, qui a caractérisé le scrutin, rendait difficile une élection dès le premier tour. Trois binômes y sont pourtant parvenus. Il fallait pour cela dépasser dépasser 50% des suffrages et 25% des inscrits.
Dans le premier canton qui regroupe L’Etang Salé et Les Avirons, Eric Ferrère et Louise Simbaye (60,3%) remportent le duel fratricide qui les opposait à Jean-Claude Lacouture. Le maire de L’Etang Salé échoue donc à décrocher un 5e mandat consécutif au conseil départemental, où il était élu sans interruption depuis 1997.
A Saint-Joseph (canton 13), dans la commune de Patrick Lebreton, les conseillers sortants, Inelda Baussillon et Harry Mussard n’ont laissé aucune chance à leurs adversaires. Avec 77,58% des suffrages, ils sont les mieux élus de ce premier tour.
Dans le canton 22, Serge Hoareau et Sabrina Tionohoué, l’emportent avec 66,1% des voix. Une démonstration de force pour le maire de Petite-Île, qui fait partie des candidats sérieux à la présidence.
Mais la partie est loin d’être gagnée. Car Cyrille Melchior, à qui l’on promettait une réélection difficile n’est pas loin d’avoir plié le match dans le canton 17 (Saint-Paul 1), où il bascule en tête avec 63,79%. Il devra cependant affronter le binôme de la majorité municipale, pour n’avoir convaincu que 22% des inscrits. Le président sortant, qui exultait hier soir, est donc bien parti pour s’installer quelques années de plus à la tête du Palais de la Source. Mais sa réélection dépendra du rapport de force, qui sortira des urnes, au soir du second tour.
Disons-le clairement, la droite est plutôt bien partie pour conserver sa majorité, en dépit d’un léger rééquilibrage qui devrait s’opérer vers la gauche. Au cours de la dernière mandature, elle contrôlait 36 sièges sur un total de 50 conseillers départementaux.
Plombée en 2015 par l’impopularité de François Hollande, la gauche, semble aujourd’hui en mesure de rafler quelques sièges. Ce qui ne devrait pas suffire à faire basculer la majorité. Mais peut-être à en recomposer une nouvelle. Dans ce scénario, qui n’est pas à l’ordre du jour (mais dont le Palais de la Source est friand), Serge Hoareau et Nassimah Dindar pourraient servir de passerelle entre la gauche et la droite. Ils étaient tous les deux alliés à Ericka Bareigts, pendant cette campagne.
Car, bien que vaincue aux régionales, la maire de Saint-Denis, sort paradoxalement comme une des grandes gagnantes de ces départementales. Tous les candidats qu’elle soutenait dans le chef-lieu arrivent loin en tête. A l’image de Monique Orphé et de Gérard Françoise (54,56%) dans le canton 9, de Nassimah Dindar et Jean-François Hoareau (46,21%) dans le 10, de Brigitte Adame et David Belda (54,09%) dans le 11, d’Audrey Belim et Virgile Kichenin (38,63%) dans le 12. Sur ces quatre cantons dionysiens, trois avaient été conquis par la droite en 2015.
Dans le canton 7, qui regroupe une partie de Saint-Benoît et La Plaine des Palmistes, Sophie Arzal et Augustin Cazal (38,9%), appuyés par Patrice Selly devancent le binôme de droite Sabrina Ramin-Jean-Yves Faustin (35,44%) avec un maigre avantage de moins de 300 voix.
A Saint Paul, dans le canton 18 le binôme municipal Pascaline Chéreau-Némazine et Jean-Noël Jean-Baptiste basculent en tête (42,69%) face au charismatique Aurélien Centon (36,27%). Là aussi, le second tour s’annonce serré. Car globalement, les résultats sont assez mitigés pour Huguette Bello à Saint-Paul, où ses candidats ont du mal à creuser l’écart. Dans le canton 19, Alexis Ponin-Coulin-Virginie Sallé (18,24%) arrivent derrière Jean-François Nativel et Églantine Victorine (19,28%) sans parler du canton 17, où Cyrille Melchior (63,79%) semble hors de portée pour Céline Charolais et Salim Nana Ibrahim (27,67%).
Dans le canton 8 (Saint-Benoît 2, Sainte-Rose, Saint-Philippe), c’est la gauche qui perd du terrain. Désormais alliée à la droite, la conseillère sortante, Géraldine Boulevard, alliée au maire de Saint-Philippe, Olivier Rivière, est en ballottage favorable (44,23%) face au ticket Bruno Robert (Banian) - Amandine Hoareau (PS) qui affichent soit 300 voix de retard (40,95%).
La droite devrait également reporter le canton de 14 (Saint Leu, Trois Bassins), contrôlé par le Modem. Le maire de Saint-Leu, Bruno Domen et Brigitte Absyte font la course en tête avec 60,44 % des voix, même s’ils devront quand même en passer par un second tour.
A La Possession (canton 3), le sortant, Philippe Robert (25,32%) est en ballottage défavorable face à Gilles Hubert et Fabiola Lagourde (34,16%) deux adjoints de Vanessa Miranville.
Le scrutin d’hier a également été l’occasion de quelques retours fracassants, à Saint-André, Sainte-Marie et au Port.
Dans la cité portuaire (canton 2), l’ancien maire PCR, Jean-Yves Langenier créé la surprise (29,43%) en devançant -de 200 voix- le binôme municipal, composé d’Armand Mouniata et Jasmine Beton (26,84%).
Tenu en échec aux dernières municipales de Saint-André, Jean-Marie Virapoullé, allié à Viviane Payet Ben Hamida, arrive en tête (37,10% )dans le canton 5. Les deux conseillers sortants affronteront Eric Fruteau (22,25%) au second tour, qui tente lui aussi son come back.
Enfin à Sainte-Marie, le clan Lagourgue sort l’artillerie lourde. En conflit avec le maire, Richard Nirlo, Rémy Lagourgue arrive largement en tête (43,40%) devant les divers gauche Céline Sitouze et Antony Venerosy (21,2%). Arrivés 3e, les candidats poussés par la mairie, James Clain et Marie-Line Soubadou (15,82%) échouent à se qualifier pour le second tour. Un score sans appel qui pourrait ouvrir la voie à un implosion de la majorité municipale, où les partisans de l’ancien maire, Jean-Louis Lagourgue sont encore nombreux.
Richard Nirlo fait clairement partie des perdants de cette soirée électorale, mais il n’est pas le seul. C’est également le cas du maire de Saint-André, Joé Bédier, qui poussait trois binômes sur le territoire de sa commune (cantons 4, 5 et 6). Tous ont été éliminés dès le premier tour, y compris celui où il s’était placé comme suppléant qui n’a recueilli que 13,98% . Joé Bédier voit également Didier Robert arriver en tête sur sa commune (32,15%), alors qu’il soutenait Huguette Bello qui n’arrive que deuxième, loin derrière (21,75%).
L’heure est également à la grimace du côté de L’Entre-Deux, où Bachil Valy est en ballottage défavorable. Au Port et à Saint-Paul, où le binômes municipaux semblent en difficultés (lire plus haut) ainsi qu’à L’Etang Salé, où Jean-Claude Lacouture a perdu.
A l’inverse, ces cantonales ont été l’occasion pour de nombreux maires de marquer leur territoire. On a déjà évoqué le cas de plusieurs d’entre eux (Serge Hoareau, Ericka Bareigts, Bruno Domen, Eric Ferrère, Patrick Lebreton...).
Mais le panorama ne serait pas complet sans évoquer le carton plein de Michel Fontaine à Saint Pierre. Outre, Serge Hoareau, élu dès le premier tour dans le canton 22, Thérèse Ferde et Jean Louis Pajaniaye réalisent un bon score dans le canton 20 (52,41%), tout comme Béatrice Sigismeau et Philippe Potin (56,92%) dans le 21.
Au Tampon, l’inoxydable, André Thien-Ah-Koon, a toujours le vent en poupe, du haut de ses 81 ans. Dans le canton 25, il est en ballottage très favorable (51,61%) face à la députée, Nathalie Bassire (22,84%), tandis que Jean-Jacques Vlody (8,8%) rate totalement son retour. Dans le canton 24 voisin, ses candidats, Dominique Gonthier et Laurence Mondon obtiennent quasiment le même score (51,64%) face à Monique Bénard et Gilles Henriot (33,77%).
Beaucoup moins expérimentée que ses illustres aînés sudistes, Juliana M’Doihoma, est aussi capable de montrer des muscles à Saint-Louis : tous les binômes qu’elle soutenait sont en ballottage favorable. Dans le canton 15, Flora Augustine Etcheverry et Pascal Mangué (44,8%) perturbent le come back de Claude Hoarau (32,6%). Alors que dans le canton 16, qui couvre aussi Cilaos et L’Entre-Deux, Camille Clain et Jean-François Payet (38,02%) disposent d’une légère avance sur Bachil Valy (34,54%), le référent local de LREM.
A Sainte-Suzanne, les candidats de Maurice Gironcel, Julie Aroubani et René Sotaca sont en ballottage favorable (23,8%) face à Johan Idame et Josette Ogire (14,38%), tandis que dans le canton 6, le remake des municipales a viré à l’avantage de Jeannick Atchappa. Aidé par l’Union de la droite, le maire de Bras-Panon creuse l’écart (49,34%) avec Daniel Gonthier (29,78%), lâché par l’Union de la droite.
Sur les 50 conseillers sortants, ils n’étaient que 25 à se représenter. Six ont été éliminés dès le premier tour (Jean-Claude Lacouture, Sergio Erapa, Yvette Duchemann, Alix Galbois, Giovanny Poire, Marie-Lyne Soubadou) trois sont en ballottage défavorable (Philippe Robert, Daniel Gonthier, Sabrina Ramin), treize sont en ballottage favorable (René Sotaca, Viviane Ben Hamida, Jean-Marie Virapoullé, Géraldine Boulevard, Nassimah Dindar, Cyrille Melchior, Thérèse Ferde, Philippe Potin, Béatrice Sigismeau, Rémy Lagourgue, Laurence Mondon, Augustine Romano et André Thien-Ah-Koon) et trois ont été élus dès le premier tour (Hary Mussard, Inelda Beaussillon, Serge Eric Hoareau).
- Guillaume KEMPF