Ce jeudi 12 août, quelques jours à peine de la rentrée scolaire et alors que La Réunion est partiellement confinée, le Préfet Jacques Billant prend la parole. L’occasion pour les Réunionnais et Réunionnaises d’avoir un point sur l’épidémie de Covid-19 et les mesures de freinage en cours.
Jacques Billant prend donc la parole ce jeudi, à l’issue d’une réunion de sécurité et de l’entretien hebdomadaire avec les 24 maires de l’île qui s’est déroulée,hier.
Le Préfet est accompagné de Martine Ladoucette, directrice générale de l’Agence Régionale de Santé de La Réunion et Chantal Manès-Bonnisseau, rectrice de la région académique de La Réunion.
La prise de parole du Préfet :
Cher Réunionnais, il y a deux semaines je vous présentais les mesures de freinage fortes que j’ai mises en place pour faire face à l’épidémie.
La mise en place du confinement en journée et du couvre-feu ont été rendus indispensables. Les chiffres publiés ce mardi sont sans appel puisqu’ils font état d’un taux d’incidence de 420,5 pour 100 000 habitants, du jamais vu sur notre ile. Le taux de positivité est passé à 10,4%. Le variant Delta n’a épargné aucune commune et aucun foyer.
Peut-on dire qu les mesures prises sont inefficaces ? Tout au contraire, le taux d’incidence redescend à 385. Grâce à nos efforts, le pire est donc peut-être en train d’être évité. L’effort doit se poursuivre pour ne pas faire peser une pression supplémentaire sur nos services de médecine et de réanimation", indique Jacques Billant.
"On peut se satisfaire qu’après 15 jours de confinement partiel et de couvre-feu, l’évolution de la situation à La Réunion reste maîtrisable, très loin des Antilles, et peut-être bientôt la Polynésie et la Guyane. On compte trois à quatre fois plus de contaminations aux Antilles qu’à La Réunion.
La situation de La Réunion reste néanmoins dégradée car la durée et les effets du confinement et du couvre-feu ne sont pas encore suffisants. Avec un virus qui circule trop vite, trop fort, parmi toutes les tranches d’âge de la population, qui touche toutes les couches de population et toutes les communes.
Actuellement 46 lits sont occupés en réanimation par des patients Covid, et 65 en médecine Covid, ce qui a obligé le CHU à ouvrir 13 lits supplémentaires en médecine Covid et donc de fermer d’autres lits.
Les personnes infectées par le Covid ne sont pas des cas, ne sont pas des statistiques. Ce sont de personnes qui ont souffert gravement et longuement de cette maladie et qui parfois en sont décédées. 112 456 décès en France depuis le début de l’épidémie, cela représente 8 mois et demi de décès provoqués par l’ensemble des cancers dans notre pays.
À La Réunion, l’INSEE a recensé une mortalité de 15 % supplémentaire par comparée à 2019 (avant Covid). 500 personnes ont été admises en réanimation depuis le 1er janvier 2021 pour la Covid-19, soit la moitié des admissions réalisées au cours des huit mois de l’année 2019, avant le Covid.
Celles et ceux qui ont survécu peuvent témoigner de leur souffrance", indique Martine Ladoucette.
"En premier lieu j’ai proposé au Préfet de prolonger la période de confinement partiel et de couvre-feu pendant aux moins deux semaines, soit les semaines qui suivent la rentrée scolaire et professionnelle.
Il me paraît indispensable de conserver l’effet amortisseur que procurent ces mesures.
Mais également l’application du pass sanitaire. Il va produire des effets bénéfiques d’un point de vue sanitaire en mettant en place un moyen de protection supplémentaire. Je tiens à souligner son effet bénéfique également dans les établissements de santé. Il s’agit de concilier deux impératifs (accès aux soins et sécurité des soins).
Ce pass sera appliqué avec modération et discernement et ne sont pas concernés l’accès aux urgences, aux soins non programmés, aux actes de dépistage et à la vaccination.
Troisième solution, la vaccination du plus grand nombre et au plus vite. Si on parle des dernières hospitalisations en France, 85% des admissions pour réanimation concernaient des personnes non vaccinéees, 8% seulement étaient vaccinées. 82% des décès pour Covid étaient le fait de personnes non vaccinées, contre 14% pour les personnes vaccinées. À La Réunion, en juillet, sur 40 décès, 32 patients n’étaient pas vaccinés et trois seulement avaient un schéma vaccinal complet. Seulement, 9% des personnes testées positives étaient complètement vaccinées. À La Réunion, sur 7 293 personnes contaminées en juillet, 85% étaient non vaccinées et seulement 2% avaient reçu le schéma vaccinal complet.
Plus d’un Réunionnais sur deux âgé de 12 ans est engagé dans le processus vaccinal, parce qu’il a reçu au moins une dose. 50% des Réunionnais de plus de 12 ans pourraient être complètement vaccinés, d’ici le 31 août.
Jacques Billant, préfet de La Réunion :
Face à l’épisode épidémique grave, j’avais pris il y a deux semaines des mesures fortes.
La situation reste fragile. C’est pourquoi ces mesures ont vocation à perdurer encore deux semaines jusqu’au 31 août. Cela doit nous permettre d’obtenir un infléchissement de l’épidémie et assurer la rentrée scolaire.
Mais afin de gérer au mieux le flux routier, j’ai décidé de décaler à 19 heures, l’heure de début du couvre-feu.
La rentrée 2021 va intervenir dans un contexte où la crise sanitaire reste d’actualité, indique la Rectrice de La Réunion.
"Comme l’année dernière, l’Académie privilégie un enseignement en présence, tout en assurant la sécurité des élèves et des personnels. Des mesures de protection renforcées seront mises en oeuvre. Les campagnes de vaccination pilotées par l’ARS seront organisées dans les jours qui suivent la rentrée.
Pour le 1er degré des campagnes de tests salivaires et antigéniques seront réalisées dans les zones de forte circulation du virus.
La rentrée se fera le 16 août 2021 en appliquant les mesures adaptées à un retour protégé et en présentiel. Les cours reprendront en présence de tous les élèves pour renouer avec le cadre et le rythme scolaire.
Tous les enseignants et personnels doivent rejoindre leur lieu d’exercice. Ce déplacement constituant bien un motif impérieux.
Le maintien des mesures d’aération et de lavage des mains, le port du masque obligatoire dès l’école élémentaire, la limitation du brassage par niveaux et la désinfection des surfaces les plus fréquemment touchées seront toujours d’application.
Le pass sanitaire ne s’applique pas aux écoles et établissements scolaires.
Les activités sportives sont autorisées en extérieur et en intérieur sous respect d’une distanctiation de deux mètres.
Concernant le contact-tracing, la classe sera fermée en primaire dès le 1er cas, au collège et lycée, l’élève cas-contact sera isolé pour 7 jours. La cellule de veille sera réactivée au Rectorat.
Pour la restauration scolaire, la stabilité des groupes est recherchée. Il est recommandé d’organiser un service individuel.
La continuité pédagogique continuera à l’être cette année, tous les établissements doivent élaborer un plan de continuité pédagogique pour assurer la continuité des apprentissages, si des fermetures ou des réductions de jauge doivent être mises en place. Un volet numérique sera également mis en place, tout comme un volet matériel pour avoir plus de visibilité sur l’équipement des élèves."
Pour conclure, le Préfet déclare : "Je vais pouvoir compter sur votre engagement collectif et votre sens des responsabilités. Notre but commun doit être que la situation revienne le plus rapidement possible à la normale. C’est pourquoi, j’ai annoncé en début de semaine l’application du pass sanitaire. Il ne se substitut pas aux mesures de freinage.
Il est évident que les établissements recevant du public se doivent de faire respecter le pass sanitaire. Il en va de la pérennité de la situation sanitaire. C’est pourquoi nous prévoyons un plan de contrôles étroit, assorti de sanctions sévères en cas de fraudes.
La bataille contre le virus doit se poursuivre. Le respect des gestes barrières est essentiel pour préserver les capacités de notre système de santé. Il est impossible de détourner le regard des conséquences dramatiques de cette épidémie, si elle se poursuit.
Dans le même temps, l’entrée en vigueur du pass sanitaire offre une lueur d’espoir sur le retour d’une vie sociale possible lorsque les risques sanitaires sont restreints. Mon objectif est de pouvoir vous accompagner au mieux."