Une fusion entre les compagnies Air Austral et Corsair est évoquée depuis plusieurs mois. Alors que 10 parlementaires réunionnais ont uni leur voix pour sauver la compagnie aérienne réunionnaise, mercredi, le ministre délégué chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, évoque que la fusion est une “option” mais "pas la seule".
Avec la crise sanitaire en cours, la situation financière d’Air Austral est délicate. Alors que la compagnie régionale a pu bénéficier de près de 100 millions d’euros en prêts et aides directes de la part du gouvernement, l’avenir de la compagnie aérienne n’est pas assuré.
Interpellé par le député réunionnais David Lorion dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale mardi soir, le ministre délégué chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, assure que la fusion entre Corsair et Air Austral est "une option qui aurait le mérite de préserver l’identité réunionnaise et l’implantation locale". "C’est une option sur laquelle chacun devrait travailler", a-t-il insisté.
Olivier Dussopt dit que le gouvernement vise à accompagner la restructuration de la dette d’Air Austral, mais "pas seul, avec les autres actionnaires" et dans le cadre des règlements européens. "C’est dans cette direction que nous travaillons", explique-t-il.
"Nous avons veillé à accompagner toutes les compagnies aériennes et nous avons porté une attention particulière aux compagnies qui desservent les territoires et départements d’outre-mer. Nous sommes convaincus que la continuité territoriale est une exigence de l’égalité républicaine. (...) Cette crise a révélé des fragilités structurelles d’Air Austral et d’autres compagnies qui desservent les outre-mers", poursuit-il.
"Pendant la crise, nous sommes intervenus à plusieurs reprises auprès d’Air Austral. Nous l’avons fait avec les actionnaires, la Région et la Caisse des dépôts. Nous avons garanti des prêts à hauteur de 80 millions d’euros et un prêt direct de l’État de la compagnie de 20 millions d’euros."
C’est le député réunionnais David Lorion qui a interpellé, mardi, le gouvernement sur l’avenir d’Air Austral. Selon lui, les aides de l’État ont "aggravé" l’endettement de la compagnie. "Une restructuration de la dette contractée auprès de l’État s’avère indispensable pour sauver la compagnie et pour permettre sa recapitalisation. Le gouvernement semble vouloir conditionner son aide exceptionnelle à une vente des actifs d’Air Austral à une autre compagnie. Cela est inacceptable et injustifié", fulmine le député.
Pour David Lorion, "la libre et saine concurrence et le principe même de la continuité territoriale ne peuvent être garantis seulement si vous avez plusieurs compagnies qui desservent les outre-mers". "Si vous sacrifiez cette compagnie, c’est le nombre d’emplois qui vont baisser. Ce sont les prix des billets d’avion qui vont augmenter et vous fragiliserez la continuité territoriale", craint-il.
Air Austral compte actuellement plus de 900 salariés et une centaine de sous-traitants. La dette de l’entreprise est de 168 millions d’euros. Son résultat net s’élève à 76 millions d’euros.