Serge Hoareau, président de l’Association des maires du Département de La Réunion, a adressé au Premier ministre Jean Castex concernant une demande d’accélération urgente de la campagne de vaccination.
"La Covid-19 a créé un nouveau monde auquel personne ne s’attendait et surtout ne souhaitait. L’économie, la culture, le droit, la vie sociale, les interactions humaines, la pratique des cultes, la consommation et tous les autres pans de notre civilisation subissent les conséquences de cette crise sanitaire
La Réunion paye également son tribut à l’effort de guerre décidée par le Président de La République le 16 mars 2020 avec 102 décès depuis le début de la circulation de la Covid-19, dont une trentaine de décès a été recensé sur les deux dernières semaines.
La situation sanitaire continue à se dégrader avec une prédominance du variant Sud-Africain sur l’Île qui représente 60% des cas recensés. La Réunion constitue un laboratoire en temps réel pour le suivi et l’analyse de ce variant. Par ailleurs, il a été constaté un rajeunissement des patients hospitalisés (entre 45 et 60 ans) présentant des facteurs de comorbidités.
Face à cette pandémie redoutable, la seule solution qui s’offre à nous, c’est d’accélérer dans le plus brefs délais la campagne de vaccination. Par le présent courrier, et en ma qualité de Président de l’Association des Maires du Département de La Réunion, j’appelle votre attention sur l’impérieuse nécessité de vacciner massivement la population réunionnaise sur le simple critère du "volontariat".
Les critères de l’âge et de la comorbidité sont à mon sens insuffisants. Pour preuve, nous accusons, Monsieur le Premier Ministre un retard trop important en matière de vaccination provoquant une tension forte sur les services de réanimation.
A ce jour, seuls 27.772 personnes ont été vaccinées, sur une population totale de 860.000 habitants, ce qui correspond à 3,2% de la population, dont seulement 1,5% avec deux doses Pfizer.
A l’échelle nationale, la couverture vaccinale est de 7,9% pour une dose et de 3,4% pour deux doses. La rupture d’égalité d’accès aux soins entre nos territoires est ici manifeste et il vous appartient en tant que Chef du Gouvernement d’y remédier.
Notre retard est d’autant plus prégnant que plus de 50% des lits de réanimation sur les 122 que comptent nos services sont occupés par des patients Covid. Actuellement, le coefficient d’occupation global des lits en réanimation est de 86%.
Cette tension sur le milieu hospitalier oblige le représentant de l’Etat à appliquer des mesures restrictives telles que le couvre-feu sans résultats probants sinon l’affaiblissement progressive de nos TPE-PME, de notre tissu économique local, de notre vie associative, sportive, culturelle et sociale.
Un couvre-feu à 18h dans une île tropicale pourrait être qualifié de "confinement" généralisé.
Afin de remédier à ces difficultés, je propose de rendre possible l’utilisation immédiate et massive du vaccin Johnson and Johnson, validé par l’Organisation Mondiale de la Santé, sur l’ensemble du département de La Réunion. Il a également obtenu son autorisation de mise sur le marché européen le 12 mars dernier.
Ce vaccin comporte deux avantages sur son homologue Pfizer, le seul disponible sur notre territoire. En effet, il peut être stocké à des températures de réfrigérateurs, avec donc une logistique allégée pour conserver les doses, et s’administre qu’en une unique dose.
Il est donc à portée de manipulation des médecins de ville et des pharmaciens qui connaissent leurs patients et sauront les orienter, ce qui aura pour première conséquence de désengorger les 8 centres de vaccinations que compte actuellement notre territoire.
La Réunion dispose d’une armée de réserve sanitaire considérable de 11.007 professionnels, dont 1.195 médecins généralistes, 7.588 infirmiers libéraux, 724 pharmaciens, et 1.500 sapeurs-pompiers, tous grades confondus.
Si toutes ces forces en présences pouvaient être mobilisées pour administrer une seule dose du vaccin Johnson and Johnson, la totalité de la population réunionnaise pourrait être vaccinée dans un laps de temps acceptable.
Sur la base de 7 euros par dose, cette campagne d’un montant global de 6 millions d’euros (hors charges de personnel) permettrait aux Réunionnaises et aux Réunionnais de retrouver une certaine forme de liberté.
Notre territoire, encore relativement épargné, comparé aux Hauts de France, à I’lle de France, ou sa voisine Mayotte, peut être un territoire pilote en matière de vaccination.
Nous pouvons accompagner l’effort de guerre et participer au redressement de la France, encore faut-il nous donner les moyens d’y parvenir"."