Antenne Réunion
Marine Le Pen est sortie en tête du scrutin du premier tour de l’élection présidentielle au Tampon. Le maire de la commune n’incite pas ses électeurs à voter pour l’un ou l’autre candidat.
Les résultats de ce premier tour, tant sur le plan national qu’à la Réunion, interpellent l’ensemble des responsables politiques.
C’est une nouvelle situation qui est créée et qui mérite une analyse sérieuse et approfondie, à la hauteur de sa gravité.
Je me limiterai dans cette déclaration à faire part de mon analyse des résultats intervenus à La Réunion et au Tampon.
Le premier enseignement de ce vote est le rejet cinglant des partis politiques traditionnels qui ont structuré durant des décennies la vie politique française, et qui ont dicté la marche à suivre aux Réunionnais.
Ainsi, l’échec électoral est flagrant, tant pour la Plateforme de la Droite que pour le Parti Socialiste.
En effet, plus de la moitié des votants ont exprimé leur protestation en choisissant des partis à l’extrême-droite ou à l’extrême-gauche de l’échiquier politique.
À cela, il faut prendre en compte le vote en faveur d’Emmanuel Macron, arrivé en troisième position à la Réunion, qui exprime également une volonté de renouvellement et de changement.
Le deuxième enseignement c’est la perte d’autorité des élus et l’autonomie des électorats qui n’ont pas répondu aux consignes de vote.
Les scores élevés de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen dans plusieurs communes vont à l’encontre des consignes formulées par les Maires et leur parti.
Cette émancipation des électorats qui s’affranchissent des Diktats valide la démarche que nous avons adoptée au Tampon, en laissant à la population la liberté de choix.
Troisièmement, il appartient aux responsables politiques de prendre acte de la volonté de changement exprimée par la population.
Il faut entendre le message des électeurs et faire preuve de lucidité en mesurant la gravité de la situation.
Le malaise est profond et si les responsables politiques ne prennent pas la mesure de ce malaise, il y a fort à parier qu’ils disparaissent, entraînant la Réunion dans le gouffre.
L’importance de l’abstention exprime déjà ce divorce entre la classe politique et le peuple.
L’exemple désastreux du référendum de 2005 sur le Traité de l’Union Européenne où le vote négatif exprimé par les Français a été méprisé et bafoué ne doit pas se reproduire.
Quatrièmement, la grande leçon à tirer, c’est qu’il faut traiter réellement les problèmes de fond posés par la population si on veut faire reculer les extrêmes.
Le combat contre l’extrémisme ne relève pas de l’incantation ni de la posture, mais exige des décisions et des mesures concrètes pour changer la situation.
Ainsi, la question de la gouvernance et de l’orientation de la politique européenne ; l’avenir de l’agriculture, des filières de la canne, de l’élevage, du maraichage ; le problème du chômage structurel ; les difficultés des producteurs, des artisans, des petits commerçants ; la crise du logement ; le développement de la précarité et des phénomènes de pauvreté ; l’absence de perspective pour les jeunes ; les personnes âgées oubliées dans la misère, sont autant de questions concrètes auxquelles il faut apporter des réponses concrètes.
Le non-règlement de ces problèmes qui restent en suspens et qui s’aggrave de jour en jour, nourrit le désespoir.
Le travail à accomplir est donc colossal et le changement doit intervenir à tous les niveaux.
Les élections législatives qui se profilent déjà devront être l’occasion pour les candidats de présenter des programmes répondant réellement aux attentes et aux préoccupations de la population.
Mais le rendez-vous immédiat qu’ont les Réunionnais comme tous les Français, c’est le second tour de l’élection présidentielle, le dimanche 07 mai.
Nous nous sommes concertés au sein de l’équipe de la majorité municipale et à la lumière de l’analyse de ce scrutin, nous avons fait le constat de l’extrême diversité des votes des électeurs dans notre commune qui se retrouvent dans les différents courants qui se sont exprimés. Nous avons le devoir de les respecter.
Nous ne souhaitons donc pas, par une prise de position en faveur d’un candidat dans le cadre d’une élection nationale, provoquer des divisions parmi nos administrés alors que le développement de notre commune doit se faire harmonieusement avec tous.
A l’heure présente, la préservation de l’unité de notre électorat est précieuse pour bâtir l’avenir dans un contexte de graves difficultés.
Dans l’esprit de la démarche que nous avons adoptée pour le premier tour, nous ne prendrons donc pas part à cette confrontation nationale et nous laissons les électrices et les électeurs libres de leur choix.