Une proposition de loi tendant à reconnaître la date du 19 mars 1946 et à déclarer cette date anniversaire - jour férié et chômé à La Réunion, en Guadeloupe, en Guyane et à la Martinique - a été déposée par le sénateur Paul Vergès. Le 19 mars 1946 représente l’abolition du régime colonial.
Vendredi 12 février, le sénateur Vergès a déposé une proposition de Loi qui devrait être saluée par bon nombre de Réunionnais. Ce texte vise à faire reconnaître la date du 19 mars 1946.
L’objectif est de faire déclarer cette date anniversaire et donc, que le 19 mars devienne un jour férié et chômé à La Réunion, en Guadeloupe, en Guyane et à la Martinique.
Le 19 mars 1946 représente l’abolition du régime colonial
Le 19 mars 1946, la Loi n° 46-451 décide le classement comme départements français de la Guadeloupe, de la Martinique, de La Réunion et de la Guyane française.
L’Article 1 stipulait : « Les colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et la Guyane française sont érigées en départements français ».
Paul Vergès rappelle que "La Réunion était inhabitée à sa découverte, donc au moment de sa colonisation ; après quelques années de concession à la Compagnie des Indes Orientales, le royaume de France a annexé La Réunion. Un homme d’Etat - Colbert - a réalisé le peuplement de l’île par l’esclavage, alors que celui-ci était depuis longtemps aboli en Europe, ou était mis en cause ailleurs par les milieux religieux et autres. C’est le début de la « traite des Noirs » dans l’océan Indien. Et c’est toujours Colbert, qui, au nom du roi Louis XIV, a codifié le fonctionnement de la société réunionnaise par la rédaction puis la promulgation du Code Noir".
De 1663 à 1794, - autrement dit pendant plus d’un siècle -, l’esclavage était le régime.
Paul Vergès rappelle que la Convention a proclamé l’abolition de l’esclavage. "Mais celle-ci n’a jamais pu être proclamée à La Réunion, du fait du refus des propriétaires d’esclaves de laisser débarquer dans l’île la mission de la Convention chargée d’appliquer cette mesure".
En 1802 : Napoléon Bonaparte, annule l’abolition de l’esclavage et décrète le maintien de ce régime pendant encore un demi siècle. Il faudra attendre la Révolution de 1848 pour que l’esclavage soit définitivement aboli. Ce régime a donc été en cours à La Réunion pendant 185 ans, de 1663 à 1848.
C’est le régime colonial direct qui fut institué en 1848
Ce régime colonial a duré pendant un siècle. "En effet, dans l’année même de la victoire de la 2e guerre mondiale, les « Quatre vielles colonies » officiellement désignées ainsi, aussi éloignées les unes des autres que le sont la Martinique, la Guyane, la Guadeloupe, La Réunion, ont réclamé, dans le même temps, le même statut en demandant l’abolition du régime colonial d’une part, et leur intégration à République d’autre part, afin de bénéficier de l’égalité, de la liberté et du système de protection sociale français".
C’est l’essentiel du contenu des revendications de Aimé Césaire, Raymond Vergès, Léon de Lépervanche, Léopold Bissol et Gaston Monnerville en 1946.
Cette volonté des « Quatre vieilles » a donné la loi du 19 mars 1946.
Cette Loi n° 46-451 décide le classement comme départements français de la Guadeloupe, de la Martinique, de La Réunion et de la Guyane française
L’Article 1 stipulait : « Les colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et la Guyane française sont érigées en départements français ».
L’Article 2 mentionnait : « Les lois et décrets actuellement en vigueur dans la France métropolitaine et qui ne sont pas encore appliqués à ces colonies feront, avant le 1er janvier 1947, l’objet de décrets d’application à ces nouveaux départements ».
Dans l’Article 3, figuraient ces mots : « Dès la promulgation de la présente loi, les lois nouvelles applicables à la métropole le seront dans ces départements, sur mention expresse insérée aux textes ».
Le texte se terminait ainsi : « La présente loi, délibérée et adoptée par l’Assemblée nationale constituante, sera exécutée comme loi de l’État ».
Le document était signé "FELIX GOUIN, le président du Gouvernement provisoire de la République ; le ministre de la France d’outre-mer, MARIUS MOUTET ; le ministre de l’intérieur, ANDRÉ LE TROQUER".
Paul Vergès insiste sur le fait que dans sa courte histoire, La Réunion a connu "deux profonds bouleversements : celui de 1848, avec l’abolition de l’esclavage ; celui de 1946, portant abolition du régime colonial".
La loi du 19 mars 1946 a donc mis fin au statut colonial et proclamé l’intégration de La Réunion dans la République
Paul Vergès souligne que "c’est une date majeure qui marque l’histoire de La Réunion. C’est un choix voulu par des Réunionnais et une décision qui a pesé sur la vie des habitants de l’île durant des décennies".
Le sénateur déclare que cette date du 19 mars 1946 représente des acquis historiques pour La Réunion, comme celle du 20 décembre 1848. "Il est donc important que le 19 mars soit célébré comme le 20 décembre, et à ce titre, soit férié et chômé".
Article 1
"À La Réunion, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, le 19 mars est un jour férié et chômé".