Ce vendredi 12 novembre, cela fait 5 ans que l’ancien président de Région, député et maire du Port, Paul Vergès, est décédé à l’âge de 91 ans. Alors que le Parti communiste de La Réunion lui a rendu hommage ce vendredi au cimetière paysager du Port, sa fille Françoise Vergès se souvient de l’homme "exceptionnel" qu’était son père dans une entrevue accordée à LINFO.re.
"Généreux" et"engagé". Ce sont les deux premiers mots qui viennent à l’esprit de Françoise Vergès lorsqu’on lui demande de décrire son père, Paul. "Mon père était un homme très curieux, très ouvert sur le monde. Ma mère et lui, aimaient parler avec les jeunes, échanger avec eux. Mon père était très proche de ses petits-enfants et de ses arrière-petits-enfants. Il aimait voir de la jeunesse, la vie autour de lui", indique celle qui est autrice et politologue dans une entrevue Skype accordée à l’équipe de LINFO.re.
"Jusqu’au bout, il s’intéressait à l’actualité. Il en discutait. Il était toujours sensible aux luttes pour plus de justice, de liberté et d’égalité. L’injustice le révoltait beaucoup. Je pense que ça venait de l’éducation qu’il avait eue avec son père et de ce qu’il avait observé autour de lui. Sa mère était une Vietnamienne qui n’avait jamais été acceptée par la société coloniale. Il a vu son père être insulté et diffamé. Même à La Réunion, lors de sa carrière politique, beaucoup de choses racistes ont été dites à son encontre", poursuit-elle.
D’ailleurs, la création même du Parti communiste réunionnais en 1959 s’est faite sur le constat qu’il n’y avait pas d’égalité, qu’il n’y avait pas de justice sociale à La Réunion, selon sa fille. "Il voulait que le peuple réunionnais décide lui-même de son avenir, de son destin."
Comme le souligne sa fille, Paul Vergès aimait son île et son peuple. "Chak foi in rényoné té gayn in zafèr dann sport, dann la muzik, dann toute zafèr, mon dieu, li té fier", laisse-t-elle échapper. "Li té fier la cuisine réyonèz. Le letchi, le mang la Rényon té toujours méyèr. Li té yèm son péi."
L’un des grands regrets de son père a été de ne pas voir la construction de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, un projet qui lui tenait à cœur . "Pour les Réunionnaises et les Réunionnais, ça aurait été un endroit où ils auraient pu retrouver leur propre histoire. Et pas une histoire telle qu’elle est dite par le récit colonial, mais en lien avec toutes les origines des Réunionnais", fait-elle savoir.
D’ailleurs, Françoise Vergès pense qu’il y a des choix qui ont été faits à La Réunion après les mandats de son père à La Région Réunion qui vont "à l’encontre" du bon sens, surtout que la question des changements climatiques sont désormais sur toutes les lèvres. Elle fait notamment allusion de l’abandon du projet du tram-train et de la construction de la nouvelle route du littoral.
"Il avait le souci de rendre l’île totalement autosuffisante en énergie avec l’énergie du volcan, l’énergie des marées, l’énergie éolienne, l’énergie solaire. Il avait le souci de cette île, de son île. Il regardait beaucoup dans l’avenir. Ce qu’il adviendrait 30, 50 ans plus tard", conclut-elle.