Actuellement en détention provisoire pour des faits de rackets sur le gérant d’une station-service, Willy Incana est ce jeudi traduit devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis avec son complice Sylvio Morby. Ils encourent tous les deux sept ans de prison.
C’est un procès attendu qui s’ouvre ce jeudi 5 octobre au tribunal correctionnel de Saint-Denis.
Il s’agit du procès de Willy Incana, personnalité du Port, qui comparaît avec son complice, Sylvio Morby, pour extorsion de fonds, par menace ou violence et abus de confiance envers le gérant d’une station-service. De plus, Willy Incana est accusé d’avoir exécuté un travail dissimulé à La Région.
Intimidations, menaces, rackets
Les faits se sont déroulés de janvier 2019 à avril 2021.
Tout aurait commencé quand Willy Incana, aurait proposé ces services en janvier 2019, en matière de sécurité au gérant d’une station-service à Saint-Pierre. Le président de l’association Kritik Fé Avancé (KFA), également employé à la Région, explique au gérant pouvoir le protéger et avoir de bon contact au niveau de la Région. Et pour ces services, 5000 euros lui étaient demandés, selon le témoignage du patron, recueilli par nos confrères du JIR.
Après des semaines d’intimidations, de négociations, de menaces, le gérant se retrouve au pied du mur. Un jour, W. Incana et S. Morby entraînent le gérant de la station dans le garage, là où aucune caméra n’enregistre. Intimidants, ils lui rappellent qu’une intervention auprès du commissariat de Saint-Pierre ne servirait à rien. Selon la victime, leurs connaissances en interne, les informeraient immédiatement d’un tel agissements.
Le gérant, apeuré, a désormais deux caïds sur le dos, qui ne le lâchent pas et promettent d’arriver à leur fin, coûte que coûte...Logiquement, il finit par craquer. De 5000 euros par mois demandés, ils se fixent finalement à 800 euros, dont 400 chacun, selon la victime.
Blanchiment via l’association
Le paiement se fait par chèque. Incana promet que son statut et son association permettront l’encaissement des chèques sans éveiller trop de soupçons. En effet, selon le témoignage de la victime, Willy Incana compte bien utiliser son association comme couverture pour dissimuler ses activités mafieuses et ainsi blanchir de l’argent.
Chaque début de mois, le gérant de la station dépose un chèque de 800 euros au caissier, avec écrit "Sécurité", à l’ordre de l’association Kritik Fé Avancé. Résultat, au bout de deux ans, le montant total de l’extorsion atteint les 19 000 euros, rien que pour cette station-service.
Et, ce n’est que pendant l’enquête, en épluchant les comptes de l’association, qu’ils découvrent également que 130 000 euros ont transité sur le compte, sans aucun lien avec les activités de l’association. L’ombre d’extorsions dans d’autres stations-service est alors évoquée.
Une complicité ébranlable
Durant sa première garde à vue, le président de l’association reconnaît le racket de la station-service. Néanmoins, il explique aux enquêteurs avoir été influencé et avoir agi sous les ordres de Jean-Danio Morby. Un argument peu recevable pour les enquêteurs, lui rappelant qu’il est venu chaque mois, récupérer ses propres chèques. Ainsi, sa tentative de minimiser son rôle tombe à l’eau et en fait plutôt le principal instigateur selon les enquêteurs.
Quant à Jean-Danio Morby, alias Sylvio, le casier judiciaire est déjà long comme le bras et il a déjà passé quelque temps derrière les barreaux. Coupable de "petites délinquances", dont sa participation à une série de casses, il est bien connu des services de police. Notamment pour d’autres affaires d’extorsions de fonds. Des affaires qui ont souvent fini dans la violence, avec notamment la séquestration et le passage à tabac d’un mineur, sous la houlette d’un trafic de stupéfiants, ou de jeu illégal. Il écopera de 10 ans de prison en appel, pour ces faits, en juin 2012.
Sylvio Morby, un multirécidiviste
À peine libre, il aurait repris ses activités et extorque ainsi le gérant d’une station-service, accompagné de Willy Incana. En parallèle, il tente de racketter un chef d’entreprise pour obtenir 50 000 euros et une Porsche Cayenne, à la suite d’un accident de la route. Même méthode pour le multirécidiviste qui utilise menaces, intimidations et violences pour arriver à ses fins. Dénoncé, il est jugé en mai 2021 et condamné à cinq ans et demi, dont deux ans et demi de prison ferme. Il se retrouve ainsi incarcéré en métropole, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier, dans l’Isère, où il a été transféré dans le cadre d’un rapprochement de conjoint.
Le procès de ce jeudi 5 octobre devrait mettre ainsi en lumière les rôles de chacun dans cette nouvelle affaire d’extorsion (extorsion de fonds, par menace et intimidation). Une condamnation pour récidive en perspective.
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