Antenne Réunion
Ce scandale autour de l’institution Bétharram. Alors que trois hommes ont été placés en garde à vue cette semaine pour viols et violences aggravées, une ancienne enseignante met également en cause le couple Bayrou, les accusant de nouveau d’avoir eu connaissance de ces faits sordides commis dans l’établissement catholique sur des enfants. A la lumière de ces éléments, la parole des victimes continue de se libérer. Parmi elles, un homme installé à La Réunion depuis plusieurs années.
C’est une histoire qui secoue aujourd’hui l’Église et l’opinion publique. Après 60 ans de violences psychologiques, sexuelles ou encore physiques, la parole se libère et les victimes du cas Betharram brisent l’omerta.
L’affaire est revenue au centre des débats politiques, le Premier ministre François Bayrou est accusé d’avoir eu connaissance des faits dès la fin des années 90.
David, qui fait partie du comité des victimes, réagit. "On est aujourd’hui beaucoup plus près d’une affaire de justice qui ira à son terme, qu’il y a un an lorsque l’affaire a commencé et que le collectif s’est mis en place. Les avancées sont assez fulgurantes ces derniers temps, le fait que François Bayrou soit Premier ministre est une bonne chose puisqu’il avait deux de ses enfants dans cette institution, moi-même j’ai été en classe avec l’une de ses filles. Forcément ça le touche au plus au point, maintenant savoir s’il a menti ou pas, je pense que les hypothèses d’aujourd’hui sont les hypothèses de demain, on en saura plus demain c’est sûr. Ce qui est clair c’est qu’il y avait une omerta dans toute la région, tout le monde savait".
Trois suspects ont récemment été placés en garde à vue, 2 le sont encore. David les connaît bien. "Je les connais, en tout cas je suppose que je les connais car il y a de fortes présomptions sur leur identité, si c’est avéré, oui elles étaient en place lorsque j’y étais et c’étaient tous les 3 des sadiques et des pédo criminels notoires. Ce qu’ils ont fait est passible de prison".
À l’âge de 13 ans, David entre dans cette institution des Pyrénées, il témoigne des faits de violences dont il a été victime. "On vous arrache les cheveux, on vous met des baffes qui sont presque avec les poings. Trois semaines après mon arrivée j’ai été convoqué dans le bureau du père directeur pour savoir comment se passait mon intégration, la question de l’intégration a duré 5 minutes, il s’est levé, il a commencé à se frotter à moi, habillé. Le temps est relatif, je ne saurais pas dire combien de temps ça a duré, dans mon esprit ça a duré 10 minutes un quart d’heure peut-être, mais c’était très très long. Quand vous avez 13 ans et que vous voyez un homme, un prêtre, habillé et qui vous touche et se frotte à vous, il y a un problème".
L’enquête est encore en cours, 134 victimes ont parlé à ce jour, et d’autres pourraient encore prendre la parole sur cette affaire.