Monseigneur Gilbert Aubry était cité comme témoin cet après-midi à la cour d’assises, dans le cadre du procès de l’évasion de Juliano Verbard. Il a affirmé qu’il avait mis en garde sur le risque des dérives sectaires dès les débuts de la secte "Coeur douloureux et Immaculé de Marie".
Le procès de l’évasion de Juliano Verbard s’est poursuivi cet après-midi à la cour d’assises. Monseigneur Gilbert Aubry a été cité comme témoin à la barre par l’avocat du gourou le Bâtonnier Georges André Hoarau. En effet, il considère que l’Eglise a sa part de responsabilité dans l’affaire de la secte "Coeur Douloureux et Immaculé de Marie", car elle n’aurait pas su ramener vers elle ces croyants égarés.
L’intervention de l’homme d’église a débuté par un long historique des différents contacts liés entre Monseigneur Gilbert Aubry et Petit Lys d’Amour. En 1997 déjà, Juliano Verbard, encore adolescent, adopte un comportement étrange lors de ses cours de cathéchisme.
En 2002, le jeune homme demande un entretien avec Monseigneur Gilbert Aubry. Il lui soutient alors qu’il reçoit des messages de la Vierge Marie depuis qu’il a l’âge de 5 ans et désire créer un groupe de prière et voyager à travers le monde. Monseigneur Gilbert Aubry met alors en garde Juliano Verbard, lui précisant que toutes les dévotions ne sont pas reconnues par l’église, qui n’adhère pas l’idée de la fin du monde. Plus tard en 2002, lors des apparitions supposées de la Vierge dans la maison à Savannah, Mgr Aubry prend position en mettant en garde les Réunionnais contre le risque de dérives sectaires et incite tous les chrétiens à ne pas s’y rendre.
En 2003, des parents confient l’évêque de la Réunion que leur enfant a subi des agressions sexuelles lors de ces séances de prière. Mgr Gilbert Aubry leur conseille de porter plainte immédiatement. En 2004, alors qu’il est incarcéré, le gourou cherche de nouveau à renouer contact avec l’évêque et lui écrit une lettre dans laquelle il se présente "comme le sauveur de l’Eglise". Il lui répond alors qu’il est un homme comme les autres et qu’il n’est pas investi d’une mission particulière.
Puis en 2007, pendant l’enlèvement du petit Alexandre par la secte, Mgr Gilbert Aubry lance un appel à toute la population réunionnaise, demandant de ne pas aider Verbard et ses disciples en les cachant ou en leur apportant un soutien matériel.
A la barre, Monseigneur Gilbert Aubry a affirmé que Verbard avait encore "des chances de réhabilitation" et qu’il comprenait "la tristesse et la déprime" des anciens adeptes. Pour lui, l’église a toujours son rôle de garde-fou par rapport à la secte et la sonnette d’alarme avait été tirée dès 1986 sur le danger représenté par l’ordre de Saint-Charbel.
Soulignant que chacun avait sa liberté de culte et que l’église ne pouvait pas contrôler tous les croyants, il a estimé que l’église n’était pas figée et s’était modernisée au fil du temps. L’évêque n’a cessé de renvoyer à ses contradictions le Bâtonnier Georges André Hoarau qui cherchait à démontrer la responsabilité de l’église dans cette affaire.