En juin 2023, trois personnes sont décédées suite à la prise de protonitazène, une drogue de synthèse venue de Chine. Ce vendredi 21 février 2025, cinq trafiquants ont été condamnés par le tribunal de Champ Fleuri.
Le protonitazene est une drogue 1 000 fois plus puissante que la morphine et 500 fois plus forte que l’héroïne. Cinq hommes étaient jugés ce vendredi par le tribunal correctionnel de Champ Fleuri pour le trafic de cette nouvelle substance. Le produit stupéfiant, surnommé « bam bam » est mélangé à du tabac pour être fumé. C’est un opioïde de synthèse, venu de Chine et particulièrement dangereux.
En juin 2023, trois personnes sont décédées sur notre île après la consommation de ce produit. Le premier était un détenu de Domenjod. Les deux autres sont morts, le même jour, à Saint-André. Ils avaient 27 et 30 ans. Un des décès a eu lieu chez l’un des prévenus jugés aujourd’hui. Les deux hommes étaient amis, mais, lors de son procès, le prévenu affirme qu’il “ne sait pas s’il avait consommé” du protonitazène.
Une drogue particulièrement dangereuse
Les cinq prévenus ont entre 20 et 32 ans et habitent à Saint-Benoît et à Saint-André. Entre le 5 juin et le 20 septembre 2023, trois d’entre eux recevaient des colis contenant du protonitazène. Un chaque mois. Ils affirment tous ne pas avoir été conscients de la dangerosité de cette drogue. L’un des destinataires a été pris de vomissements après avoir touché la poudre blanche avec des reflets rouges. La douane a identifié une dizaine de paquets susceptibles d’avoir contenu la substance et deux ont été interceptés.
Un autre prévenu affirme avoir été uniquement consommateur. “J’ai arrêté après avoir fait un black-out”, explique-t-il. Il n’a reçu qu’un colis. Le dernier prévenu, habitant en Hexagone, passait les commandes en Chine et était l’organisateur du trafic.
Une substance classée comme stupéfiant en juillet 2023
La procureure insiste sur la dangerosité de ce produit :“chaque microdose peut provoquer un arrêt cardio-respiratoire”, insiste-t-elle. La parquetière requiert six ans de prison pour la tête de réseaux et quatre ans, dont un avec sursis pour les autres. Mais cette drogue est tellement récente qu’elle n’a été classée comme produit stupéfiant par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) que le 20 juillet 2023. Les avocats plaident donc la relaxe.
Une relaxe qui est obtenue partiellement, pour les faits antérieurs au 20 juillet 2023. Pour le reste, les prévenus sont condamnés. La "tête de réseau" écope de quatre ans de prison avec un maintien en détention. Les trois hommes qui ont reçu les colis sont condamnés à trois ans de prison, dont un avec sursis. Le dernier prévenu, qui se présente comme un simple consommateur, écope de 18 mois de prison avec sursis. Ils devront également s’acquitter d’une amende douanière de 1 000 euros.
Philippine Kauffmann