Depuis quelques mois *Myriam (nom d’emprunt), 16 ans, est hospitalisée à la clinique des Flamboyants. Elle commence à sortir la tête de l’eau et envisage de reprendre sa scolarité. Toutefois, une agression sexuelle, le 7 août 2022, au sein de l’établissement, par Jean, 72 ans, patient également, va bouleverser l’avenir de la jeune fille.
“Il m’a traîné de force dans sa chambre. Il m’a dit que j’étais jolie, que j’avais de beaux seins, et qu’il m’aimait. Ensuite, il m’a questionné sur ma présence à la clinique. Et là… Il m’a demandé de l’embrasser. J’ai refusé. Il a commencé à m’embrasser dans le cou. J’ai encore refusé. Puis, il m’a embrassé de force avec sa langue”, ce sont les mots de *Myriam (nom d’emprunt)lorsqu’elle a été entendue par les gendarmes en août dernier. Elle raconte alors son agression sexuelle.
Les faits remontent au 7 août 2022. La jeune fille est hospitalisée pour une dépression dans cette clinique spécialisée. Ses parents viennent la voir la veille. Ils remarquent déjà qu’un monsieur, assez âgé, mince, les observe. Le personnel médical lui demandera à deux reprises de partir. Le lendemain, il abordera la jeune fille. Cette personne c’est Jean. "Il est au self de la clinique. Je prends le petit déjeuner. J’ai remarqué que quelqu’un me regardait avec insistance. Il avait un comportement bizarre. J’étais dans la cour et cet homme est venu me traîner de force jusqu’à sa chambre”, expliquera-t-elle aux forces de l’ordre. Lors de l’audience au tribunal, le juge rapporte à voix haute les mots de Myriam. Le prévenu est face au magistrat. L’air penaud, tentant de se défendre : "Elle était d’accord pour me suivre."
Cette version ne semble guère convaincre le juge, il lui rappelle sa version initiale fournie face aux forces de l’ordre : “En garde à vue dans ses déclarations au début, il dit qu’il l’avait déjà repérée.” Il cite le procès-verbal : “Je l’observais régulièrement, j’étais attiré par elle. J’ai glissé mes mains dans son short et j’ai caressé ses seins aussi. Même si elle refusait et j’insistais. C’est vrai que je l’ai forcé à me suivre."
Myriam sera sauvée par l’arrivée de son voisin de chambre de Jean. Elle se réfugie dans la salle de bain "je voulais crier à l’aide, mais je n’y arrivais pas." Finalement, elle réussit à sortir de la chambre. Le personnel médical la retrouve en état de choc. En garde à vue, le septuagénaire déclare "je serais allé beaucoup plus loin si mon colocataire n’était pas entré. Mon but c’était de la pénétrer et je l’aurais aussi léché."
Quand le procureur de la République prend la parole, il rappelle : "On est dans un dossier hors norme, dans la mesure, les faits sont commis au sein de la clinique des Flamboyants. Commis au sein d’un endroit où la victime est là pour être protégée. (…) Sans l’arrivée du voisin de chambre, on était à la limite de se retrouver devant la cour criminelle. Car à la limite de la tentative de viol. Il a tout détruit chez cette jeune fille. On ne peut pas se limiter à se dire qu’il l’a juste touché, on va sur quelque chose qui va bien au-delà."
Pour la défense du prévenu, son avocate évoque le cocktail médicamenteux qui aurait levé chez son client toutes inhibitions. D’où son passage à l’acte.
Depuis ces événements, Myriam peine à s’en remettre. Elle qui voulait reprendre le cours de sa scolarité n’en est aujourd’hui plus capable. "Elle fait sans cesse des crises d’angoisse. Elle a développé des troubles du sommeil ainsi qu’émotionnel. À cela s’ajoute une fatigue constante."
À la lecture des faits, le procureur requiert quatre ans de prison, dont deux en sursis probatoire. Jean écopera finalement de trois ans de prison avec un sursis probatoire pendant deux ans, avec pour obligation d’indemniser la partie victime à hauteur de 3 000 euros, de ne pas entrer en contact avec elle, et une obligation de soins. Il sera inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).