Antenne Réunion
La découverte d’un bateau mauricien échoué sur le littoral de Saint-Benoît en octobre 2020 a permis aux gendarmes d’arrêter trois hommes suspectés d’avoir participé à un trafic de zamal entre janvier 2019 et avril 2021. Dimanche, le tribunal correctionnel les a condamné à des peines allant de 18 mois ferme à 12 mois ferme.
Les deux ans d’enquête de la gendarmerie finiront sur une vague d’interpellations fin avril 2021. L’origine de ces investigations remontent à la découverte d’un bateau échoué sur le littoral de Saint-Benoît, en octobre 2020. Dans le bateau, les enquêteurs retrouvent 16 bidons dont 8 remplis d’essence. Quant au bateau, il vient de Maurice et le bateau a été volé la veille.
Les enquêteurs se penchent naturellement sur la téléphonie et trouveront une ligne réunionnaise activée deux jours avant et localisée à proximité du navire. L’exploitation des SMS permettent, à travers des mots codés notamment, d’identifier trois personnes.
Une caméra est installée à proximité du domicile de deux suspects, à Saint-André. De nombreux passages sont identifiés, laissant à penser l’existence d’un trafic. "C’est une entreprise familiale", souligne à l’audience de ce lundi 31 mai, la présidente. Elle précise que les prévenus "ne sont pas poursuivis pour l’importation et l’exportation de zamal".
Devant le tribunal, le père et le fils semblent dépassés. Ils regrettent et laissent couler quelques larmes. Ils reconnaissant être des consommateurs réguliers de cannabis et de s’adonner à un trafic. Au départ, ils reconnaissent vendre "une dizaine de rouleaux par mois". Le trafic prend une dimension plus importante fin 2020. Le père cultive et le fils par son réseau vend directement des pieds. "Ils expliquent avoir bénéficié de 500 € chacun par mois. Mais en écoutant, les déclarations des acheteurs, on atteint le chiffre de 20 000 €", avance le procureur Éric Tufféry. "C’est une PME qui trafique. Ce ne sont pas les grands trafiquants. Mais c’est une PME qui trafique. Ils l’ont volontairement fait pour de l’argent. Aujourd’hui, ils tombent des nues. Ce trafic est minable mais la peine encourue reste la même". En fixant les trois prévenus, le représentant du ministère public insiste. "Vous avez joué et vous avez perdu".
Quant au troisième prévenu, il revend du zamal acquis auprès de la "PME qui trafique". "J’avais un crédit à rembourser et des dettes. Je pensais que ce serait une solution mais ça n’a fait qu’empirer", précise le jeune homme de 23 ans. "On n’a pas prouvé un enrichissement personnel. Il a mis son doigt dans un engrenage et a été dépassé", avance son conseil Me Julien Barraco. De son côté, l’avocate du père et du fils, Me Samia Sadar-Dittoo rappelle que le trafic ne sort "pas de la configuration locale".
Après avoir délibéré, le père et le fils ont été condamnés à une peine de 3 ans dont la moitié assortie d’un sursis probatoire. Le jeune vingtenaire écope d’une peine de deux ans de prison dont la moitié assortie d’un sursis probatoire. Pour la partie ferme, ils ont été maintenus en détention. Avant de rejoindre leur cellule, ils, escortés par les policiers, ont échangé avec leurs proches venus nombreux à l’audience.