Une enquête dans le cadre d’une suspicion de harcèlement sexuel est en cours à l’Université de La Réunion, suite à plusieurs signalements à l’encontre d’un professeur.
En raison de plusieurs signalements à l’encontre d’un professeur, une enquête dans le cadre d’une suspicion de harcèlement sexuel est en cours à l’Université de La Réunion.
L’une des étudiantes ayant alerté l’Université témoigne.
"J’avais un professeur référent lors de ma troisième année de licence d’anglais. Pendant cette année, j’ai fait une dépression et j’étais tout le temps internée à la clinique. Ce professeur référent a affiché sur le groupe Facebook directement tous les prénoms et noms des gens qui n’avaient pas rendu leur compte rendu de stage pour les humilier.
Je lui ai parlé, je lui ai expliqué que ça n’allait pas trop, du coup le compte rendu, c’est mort et je ne viendrai pas aux cours de cette année. Au début il a été gentil, il avait l’air compréhensif, il a dit écoutez, c’est pas grave.
Au début tout allait bien, tout était normal, c’était vraiment une relation professeur-élève. On parlait beaucoup d’art, on parlait un peu de littérature aussi. Et puis, un jour il m’a demandé de l’accompagner au musée Léon Dierx. Au fur à mesure, il a continué à me parler, il a continué, il a continué, et ça a commencé par des visites à la clinique, ça devenait de plus en plus bizarre, inconfortable mais je ne disais rien parce que je me disais que ça devait être dans ma tête.
J’ai compris qu’il y avait vraiment un problème, quand j’étais à l’EPSMR et qu’il m’a rendu visite. Mon téléphone était complètement pété, je ne pouvais plus l’utiliser, je lui ai demandé, est-ce que tu peux réparer mon téléphone s’il te plait, je vais te rembourser. Il me dit écoute, il n’y a pas de problème mais pas besoin de me rembourser, tu me remboursera avec ta réussite. Et ça, je ne m’en suis pas rendu compte mais ça aurait dû me faire un déclic en mode il y a un problème.
Je ne m’en suis pas rendue compte, j’avais tellement de médicaments, à un moment, j’avais 12 cachets par jour.
Pour le remercier pour le téléphone, je lui ai fait un câlin, mais gentillement. J’ai été habituée aux câlins dans les cliniques parce qu’entre dépressifs ont s’entraide, il n’y a pas d’arrière pensée. Et je ne sais pas s’il l’a mal interprété, mais il s’est avancé et il m’a embrassé. Au début je n’ai pas su réagir, il a continué à avancer et il a continué à m’embrasser alors que j’avais reculé pour dire stop. C’est un infirmier qui a dû venir et dire d’arrêter de s’embrasser. Après ça j’ai eu des crises d’angoisse, c’était en juillet.
J’ai pas coupé les ponts avec lui, comme je savais qu’il était responsable du département d’anglais, j’avais peur qu’il me détruise mon année."
"Il savait que je n’étais pas du tout intéressée par lui, et il continuait de me faire des avances, il m’a écrit un poème, il m’a proposé de venir vivre en Nouvelle-Zélande avec lui. Il me disait clairement dans ses messages qu’il m’aimait alors qu’il savait que j’avais un copain. Il a envoyé les images que les vieux s’envoient entre-eux. Ça me mettait vraiment mal à l’aise, dès que je pouvais ne pas répondre, je ne répondais pas, mais les trois-quart du temps, je devais répondre et faire comme si j’étais son amie parce que j’avais peur.
J’ai reçu beaucoup de messages et témoignages de gens qui ont parlé de son attitude. Quelqu’un m’a dit qu’il y a plusieurs années de cela, il est sorti avec une élève qui me ressemblait comme deux gouttes d’eau et qu’il ciblait les élèves qui étaient assez timides, qui avaient l’air fragiles. Malheureusement il est mal tombé, parce qu’autant j’étais fragile à ce moment là, autant je ne le suis pas de base.
Il y a eu aussi des propos comme quoi il se comportait très très très mal envers les élèves. Il a fait passer un oral à quelqu’un il me semble et il a attaqué cette personne directement sur sa vie personnelle pendant l’oral. Il y a eu plusieurs plaintes contre lui en France avant qu’il sne oit muté à La Réunion, je ne comprends pas comment ça se fait qu’il puisse travailler encore".
"Je leur ai parlé et la seule réponse que j’ai eu c’est : on n’était pas au courant. J’ai quand même reçu des témoignages de gens qui étaient élèves depuis plus de 5 ans, où il faisait déjà ces choses là. Il y a eu plusieurs plaintes contre lui en France, il y avait des rumeurs qui tournaient partout sur lui dans la FAC, il y avait des professeurs qui étaient au courant, et on me dit que le Pôle égalité ne savait pas.
Quand il y a des doutes sur un professeur qui peut être dangereux pour les élèves, il ne faut pas attendre que les faits se passent avant de réagir. C’est pour ça que je me suis levée, je suis partie de l’entretien prématurément. On m’a dit qu’il n’a jamais été signalé, je pense que c’est un très très gros mensonge. La première réponse que j’ai eu d’eux c’était du foutage de gueule totalement", nous indique Marie (nom d’enprunt).
L’Université de La Réunion a rappelé que "la lutte contre le sexisme, le harcèlement sexuel et les violences sexuelles est une priorité pour laquelle l’institution est très fortement engagée depuis 2017".
Malgré la fermeture de l’Université de La Réunion jusqu’au 16 août inclus, les personnels de l’établissement ont fait la proposition d’être contactés personnellement par les parties en présence et n’exclut pas de saisir la juridiction compétente en cas de délit avéré.
Professeur soupçonné de harcèlement sexuel à l’Université : Enquête interne en cours