Les faits se sont déroulés sur plusieurs années dans la commune de Sainte-Suzanne. Gérard est accusé d’avoir violé sa fille dès l’âge de 8 ans puis sa petite-fille quelques années après dès l’âge de 9 ans. Pour Gérard, elles ont menti car il n’a pas laissé de terrains pour elles. Toute sa famille prend également sa défense. Sa fille et sa petite-fille habitent aujourd’hui en métropole.
Maria a rencontré Gérard alors qu’elle avait déjà plusieurs enfants, dont une fille Stéphanie. Celle-ci aurait été violée par son "ti-père" durant les années 90. Elle a déposé plainte en 2021 auprès des forces de l’ordre avec sa fille, Aurélie, elle aussi victime d’attouchements et agressions sexuelles par son grand-père, Gérard dans les années 2000.
Toutes les deux habitent désormais en métropole car toute la famille ainsi que le patriarche, Gérard, les accusent d’avoir menti pour s’accaparer les terrains suite à un conflit de succession.
En effet, Stéphanie n’est pas la fille "de sang" de Gérard mais celle-ci a été reconnue légitimement par son ti-père. Elle peut donc prétendre au droit de succession. Mais Gérard en 2017 devant le notaire, a décidé de donner deux résidences près du phare de Sainte-Suzanne à sa fille "de sang" Élodie, qu’il avait eu avec Maria. Il n’a laissé que de l’argent à Stéphanie.
Gérard a été jugé ce vendredi 28 octobre au tribunal de Saint-Denis. Âgé d’une soixantaine d’années, c’est un homme simple, élégant, bien habillé, plutôt calme et timide qui s’est présenté à la barre.
Sa fille Stéphanie accuse celui-ci d’avoir profité de sa faiblesse quand elle était jeune, dès 8 ans. Elle affirme que lorsqu’elle faisait un massage à Gérard, celui-ci profitait pour caresser ses fesses, ses cheveux. Un jour, après lui avoir apporté du café, il la pousse contre l’évier et frotte son sexe contre elle afin d’éjaculer. Il l’emmène ensuite dans la salle de bain pour laver sa culotte et lui donner une douche. Selon Stéphanie, son père ne s’est pas arrêté à là.
Lors d’une séance de massage, il décida un jour, de pousser sa fille sur le lit, d’enlever son pantalon et ses sous-vêtements afin de la pénétrer : "Ça me faisait tellement mal que j’ai crié, il a insisté pour que ça rentre."
Malgré les faits, les autres membres de la famille ne sont au courant de rien. Ils décrivent même Stéphanie comme une petite fille avec des problèmes.
Quelques années plus tard, Stéphanie se sépare de son compagnon en métropole et décide de revenir chez ses parents à La Réunion avec sa fille Aurélie. C’est à ce moment-là que sa fille dit avoir été, elle aussi, victime d’agressions et d’attouchements de la part de Gérard, son grand-père.
Aurélie avait droit à quelques heures de jeux sur l’ordinateur familial lorsqu’elle était chez son grand-père. Elle affirme qu’il venait la voir toute seule dans la chambre pour lui montrer des vidéos porno. Elle raconte qu’il se masturbait énormément en regardant ces vidéos avec elle. Il n’a pas hésité à lui toucher les fesses et le sexe en lui disant : "Bientôt on fera comme dans les vidéos toi et moi".
Stéphanie et sa fille Aurélie ont décidé ensuite de retourner en métropole avec son compagnon actuel avec lequel elle est pacsée. Elles décideront de porter plainte contre Gérard en 2021 lorsqu’elle apprendra que sa fille a été aussi victime d’inceste et "qu’elle n’a pas su la protéger de ce monstre".
Alors que Stéphanie est avec sa fille Aurélie chez ses parents après le divorce avec son ancien compagnon, elle apprend que sa fille est elle aussi victime d’inceste. Durant une soirée de Noël 2016, une grosse dispute va éclater et elle partira avec sa fille chez la famille de son nouveau compagnon à Saint-Pierre.
Gérard va ensuite appeler l’une de ses filles, Sophie, pour lui dire qu’il a peur car "les câlins" qu’il a eus avec sa petite-fille pourraient "détruire la famille". Sophie expliquera également, qu’il avait la voix qui tremblait et qu’il semblait avoir peur.
Cependant, toute la famille affirme que Gérard ne ferait jamais ça. Que c’est un homme droit et bon. Qu’il a toujours fait de son mieux pour la famille. Ils ont également accusé leur sœur Stéphanie d’avoir tout inventé et d’avoir entraîné sa propre fille dans cette histoire.
Mais selon les experts et psychiatres, Stéphanie et Aurélie présentent toutes les deux des troubles psychiatriques, émotionnels, .. qui sont récurrent chez les victimes d’inceste.
Voilà ce que va affirmer Gérard durant plusieurs heures à la barre. Pour lui, c’est un coup monté de sa fille et de sa petite fille à son encontre. Il précise qu’il a simplement donné des câlins à sa petite fille Aurélie pour la réconforter. "Je ne pouvais pas lui montrer des vidéos pornos, car je ne sais même pas utiliser un ordinateur", affirme Gérard. Des propos qui vont être démontés par le substitut du procureur. Celui-ci, démontre que lors de l’enquête, on a retrouvé plusieurs centaines d’images pornographiques dans le téléphone du grand-père. Il avait regardé plus de 3 000 vidéos pornos en l’espace de 3 mois avec des recherches : "Femme mature avec son fils", "Mère branle son fils" ou encore " Papa baise sa petite-fille".
Pour la défense, Gérard n’a rien d’un délinquant sexuel et que sa fille et sa petite-fille mentent pour avoir les terrains du patriarche : "Même s’il a regardé des vidéos pornos et alors ? Même s’il a trompé sa femme avec une pute durant plusieurs années et alors ? C’est sa vie ! On est là dans un cas où Stéphanie, décrite comme une fille avec des problèmes, accuse son père car il a donné ses terrains à sa fille de sang et non pas à elle. Il est marié depuis 27 ans, pourquoi n’a-t-il pas violé ses autres filles ? La propre mère de Stéphanie, Maria, affirme aussi que sa fille lui volait de l’argent. Aujourd’hui, elle veut simplement récupérer les résidences de son père pour elle et sa fille. Mon client oui, n’est pas un saint, mais il n’est pas un violeur d’enfants."
L’avocate des deux victimes précise que ses clientes ne veulent pas des propriétés mais elles ont besoin de tourner la page sur cette histoire et qu’il doit être condamné pour tout ça. La robe noire demandera plus de 55 000 euros de dommages et intérêts pour la mère et la fille et également une interdiction d’entrer en contact avec elles.
Le substitut du procureur demande, lui, 4 ans de prison avec un mandat de dépôt à l’encontre de Gérard, une interdiction de quitter le territoire et son inscription dans le Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Après 30 minutes de pause, Gérard est reconnu coupable des faits par le tribunal de Saint-Denis. Cependant, il n’aura pas l’obligation de purger sa peine en prison et devra suivre une obligation de soin. Il a l’obligation de verser 5000 euros à sa fille et à sa petite fille pour dommages et intérêts. Enfin, son nom sera inscrit dans le FIJAIS.