Les faits se sont déroulés les samedis et dimanches soirs lors du Sakifo Music Festival, qui a rassemblé plus de 40 000 personnes pour son édition 2023. Pendant ces deux soirées, Clément*, âgé de 36 ans, s’est caché dans les toilettes et a trouvé un moyen de glisser son téléphone portable dans la cabine adjacente pour filmer les parties intimes des victimes, à leur insu.
Il serait resté assis sur la cuvette des toilettes pendant près de deux heures, veillant à ce que ses pieds ne soient pas visibles. Lors de sa comparution immédiate au tribunal de Saint-Pierre, le prévenu, accusé de voyeurisme aggravé, a reconnu tous les faits. L’une de ses victimes, Marlène*, relate dans son témoignage comment elle a découvert la manœuvre du jeune homme. Elle entre dans les toilettes, s’accroupit et se lave les mains. C’est à ce moment-là qu’elle voit quelqu’un glisser un téléphone. Elle sort et prévient le personnel d’entretien ainsi que la personne qui attendait son tour pour les toilettes. Elle demande ensuite à Clément de sortir, mais celui-ci refuse. Lorsque la police arrive, il finit par sortir, mais devient violent lors du contrôle et jette son téléphone loin. La police est alors contrainte de le menotter et de l’emmener en détention pour une durée de trois jours.
Un total de 33 vidéos ont été retrouvées sur le téléphone pour la soirée du samedi, et 12 autres pour la soirée du dimanche. Les vidéos varient de 12 secondes à 1 minute. Le procureur qualifie le mode opératoire de bien rodé, avec uniquement des femmes ciblées et aucune tentative ratée, où l’on voit toujours ce qui intéresse l’accusé. Le procureur demande une peine de 12 mois de prison, dont 6 mois ferme, pour cette affaire qu’il juge grave.
Pour sa défense, à la barre, Clément explique : "Je n’ai pas vraiment réfléchi à mes actes ni aux conséquences. J’ai reçu un appel pendant que j’allais aux toilettes, et cela m’a donné l’idée de faire ça. Je n’aurais pas gardé les vidéos."
Depuis ces événements, Marlène déclare dans sa déposition que son sommeil est perturbé. "Je me sens souillée qu’il se soit permis de violer mon intimité, et j’aimerais bénéficier d’un suivi psychologique." L’avocate de Clément affirme que son client n’a rien prémédité et que son honnêteté devrait être saluée.
Le tribunal reconnaît Clément coupable et le condamne à une peine de 8 mois de prison avec sursis de 24 mois. En outre, il lui est imposé des obligations de suivi médical, une interdiction de tout contact avec les victimes et une indemnisation de 250 euros envers Marlène.
* Les noms ont été modifié pour des raisons d’anonymat
Fanny Dard