Sans l’intervention des voisins, c’est un véritable drame qui aurait pu se dérouler dans une résidence de Saint-Gilles, le 17 janvier 2022. Ce lundi 19 septembre, à la barre du tribunal de Saint-Denis, Julien, trentenaire, est poursuivi pour avoir roué de coups son ex-compagne après un énième rebondissement d’une relation présentée comme toxique.
"J’ai vrillé", admet le principal intéressé devant le juge ce lundi 19 septembre. "Cette réaction fait suite à un trop-plein émotionnel", plaide son avocat, Julien Barraco. Dans la soirée du lundi 17 janvier 2022, alors que Julien regarde un film, son attention est détournée par le bruit d’un impact sur sa baie vitrée. “Je sors et je vois sur la terrasse un gros galet. J’appelle la gendarmerie, ils interviennent et je leur explique que c’est mon ex qui aurait envoyé ce projectile et qu’elle reviendra dans la soirée pour commettre un autre délit comme à son habitude”, explique-t-il au tribunal.
Depuis décembre 2020 jusqu’à cette soirée du 17 janvier 2022, c’est un véritable calvaire qu’a vécu Julien et les habitants de sa résidence. Harcelé, frappé, et agressé par arme blanche - blessure à la main qui lui aura valu 45 jours d’interruption temporaire de travail (ITT) - Julien n’a cessé d’être importuné par son ex-compagne depuis la fin de leur relation. Au point où toute la résidence, importunée par cette dernière, avait porté plainte pour faire cesser ses agissements.
Aux premières loges de ces deux années d’agitation, Valérie, la voisine de palier de Julien témoigne : “Lorsque j’appelle la gendarmerie de Saint-Gilles, ils connaissent mon numéro par cœur. J’ai emménagé le même jour que Julien. De mon salon, je vois tout ce qui se passe chez lui. J’ai vu cette femme arriver dans sa vie. Au début tout se passait bien. Puis, il y a eu des cris, des coups, elle n’arrêtait pas de le frapper. Jusqu’au jour où elle lui a planté un couteau dans la main. Tout le voisinage, excédé, a décidé de se mobiliser en écrivant une pétition pour que cela cesse."
Ce soir du 17 janvier 2022, au départ des gendarmes appelés pour le jet de galet sur sa baie vitrée, Julien, reste en alerte. Ce n’est pas faute de connaître les réactions de son ex-compagne. Il sait qu’elle reviendra. Peu de temps après, ce sont des bruits stridents d’un objet pointu sur du métal qui le font sortir de chez lui. Arrivé sur le parking de la résidence, il voit son ex-concubine, couteau à la main, détériorer son véhicule, mais aussi ceux des voisins. Des injures, des rayures, sont gravées sur les voitures. “J’ai perdu mon sang froid. Je l’ai attrapé, mise au sol, crié le nom de ma voisine, tout en tapant mon ex.”
Une fois de plus interpellés par la situation, quelques résidents interviennent, s’interposent et récupèrent l’arme blanche ayant servi aux dégradations, en attendant l’arrivée des gendarmes.
À la barre du tribunal, les voisins ne décrivent pas Julien comme un homme violent, plutôt un “homme victime des excès de colère de son ex-compagne.” Des témoignages étayés par les expertises psychiatriques, font état chez cette dernière de troubles de la personnalité. L’avocat de son ex plaidera “une relation toxique - sexe, alcool, drogue - et on ajoute l’état psychiatrique de madame ça ne pouvait qu’exploser.”
Sur réquisition du procureur, le juge condamne Julien à cinq mois de prison avec sursis, 700 € pour dommages et intérêts pour préjudice moral. Quant à son ex-compagne, elle écope de quatre mois de prison avec sursis, et doit indemniser les propriétaires des véhicules vandalisés. Les deux ont interdiction d’être en contact.
Pour les victimes collatérales, les résidents, c’est un grand ouf de soulagement. Ils espèrent avoir définitivement tourné la page de cette relation tumultueuse et vivre en toute tranquillité. Valérie, la voisine aux premières loges, pense même s’en inspirer. Elle réfléchit à l’écriture d’un scénario pour une série télévisée.
À suivre ...
Carla Bucero Lanzi