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Un quinquagénaire Saint-Gillois, ancien propriétaire d’une salle de sport, a été condamné par le tribunal de Champ Fleuri pour un viol, requalifié en agression sexuelle. D’autres femmes l’ont accusé, mais leurs plaintes ont été classées sans suite.
Après son arrestation, les plaintes et dénonciations à son encontre se sont multipliées. De nombreuses femmes l’accusent de les avoir droguées puis violées. Lettres anonymes, plaintes, et même tags dans les rues de Saint-Gilles présentent l’homme comme un “prédateur sexuel”. Toutes les plaintes ont été classées sans suite, par manque d’éléments, sauf une. Celle de Justine*.
Le 12 septembre 2021, Justine et son mari sont invités chez un quinquagénaire, professionnel du milieu sportif, et sa femme pour un déjeuner avec plusieurs couples d’amis. L’alcool coule à flots et les hommes consomment de la cocaïne. Dans l’après-midi, Justine se sent mal et est installée dans la chambre du couple pour se reposer. Quelques heures plus tard, elle demande à une amie de la ramener, se met à pleurer et lui raconte que leur hôte l’a “touchée” et effectué une pénétration digitale à deux reprises. Elle se rend à l’hôpital dans la foulée. Des prélèvements vaginaux, vulvaires et anaux sont effectués.
Elle porte plainte contre X, les souvenirs brouillés par l’alcool. Ce n’est que le 5 janvier 2023 que les résultats des tests ADN arrivent. L’ADN du prévenu est retrouvé dans l’ensemble des prélèvements. Il se défend : “elle était dans mon lit, c’est pour cela qu’on a retrouvé mon ADN”. Un médecin interrogé explique qu’un transfert depuis le lit est “théoriquement possible pour les prélèvements vulvaires, faits à l’entrée du sexe” mais que “pour les prélèvements vaginaux, il n’y a pas d’explication du lit possible”.
L’homme demande une contre-expertise, mais les prélèvements ont été détruits par le laboratoire, avec l’accord des gendarmes. Une erreur selon le procureur. Durant son procès, le prévenu a réponse à tout et nie en bloc toute agression sexuelle. Alors comment expliquer les traces ADN ? “C’est un mystère total, c’est pour ça que j’ai directement fait la demande de contre-expertise”, répond le quinquagénaire.
Il dénonce un complot mis en place par son ex-compagne, qui a elle aussi dénoncé des violences, après l’avoir soutenu dans un premier temps. “Elle se venge parce que je n’ai pas signé une reconnaissance de dette”, justifie-t-il.
Mais l’homme a déjà été condamné sur des violences conjugales, plusieurs années auparavant, en 2012, sur une autre femme. Celle-ci avait déjà dénoncé des relations sexuelles imposées. Le procureur décrit un homme qui a “un rapport aux femmes problématiques” et rappelle qu’en détention, il a corrompu l’aumônière de la prison pour qu’elle lui procure un téléphone. Il note également que le prévenu est “incapable de s’excuser”.
Pour l’avocat de la défense, “la preuve de l’ADN n’est jamais la preuve absolue”. “La rumeur dit qu’il drogue des femmes pour les violer, mais il n’y a pas de preuves et il y a eu cinq non-lieux”, plaide-t-il avant de qualifier les femmes qui l’ont accusé d’être “toutes les alcooliques de Saint-Gilles”. Le prévenu est condamné à cinq ans de prisons dont un an avec sursis.
P. K.
*Prénom d’emprunt