Crâne rasé, deux créoles aux oreilles et vêtu d’un jogging, Gérald comparaît devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis ce lundi 19 septembre. Il reconnaît avoir “tiré par la jambe et déchiré le bras de William”, alors qu’il cueillait des mangues sur un arbre dont la branche débordait sur la voie publique en janvier dernier à Saint-Denis.
La scène se déroule le 18 janvier 2022 à Saint-Denis en pleine journée. En état d’ébriété sur la voie publique, Gérald ne supporte pas d’assister à ce vol de fruits, alors qu’il ne connaît pas le propriétaire du manguier. Révolté, il commence à tirer les jambes puis les bras du voleur : “Il m’a traité de voleur de mangues. J’ai crié à l’aide pour mon bras ! Les passants ont appelé la police. Puis il m’a roué de coups de poings”, explique William à la barre du tribunal. “Mensonges, faux voleurs !”, crie Gérald dans la salle. Alors qu’il peine à tenir en place sur le banc des accusés, le juge lui demande de se taire et de laisser s’exprimer la victime.
L’accusé revient à la barre. Le magistrat lui demande pourquoi il n’a pas appelé la police directement au lieu de faire justice lui-même ? L’intéressé rétorque : “Je n’avais pas de téléphone. Alors je l’ai tiré par la jambe. Il y avait des grillages, le monsieur s’accrochait, j’ai continué de tirer et puis je lui ai déchiré le bras.” Lorsque William réussit à se relever, complètement sonné par la scène, il s’échappe. Son agression lui vaudra 21 jours d’interruption temporaire de travail.
Lorsque le juge interroge Gérald sur sa consommation actuelle d’alcool, il lui répond “il y a parfois un peu de laisser aller… Mais ça arrive à tout le monde.” Réponse qui laisse perplexe son interlocuteur.
“C’est une réaction disproportionnée ! Intervient le procureur. Certes la branche est sur la voie publique mais ce ne sont pas vos mangues. La victime a quand même été trois semaines immobilisées. Ce n’est pas rien. On peut imaginer la violence de cette scène. Je demande entre six à huit mois de prison avec sursis.”
Après délibération du juge, le prévenu, Gérald, écopera de huit mois de prison avec sursis et l’interdiction d’entrer en contact avec William pendant un an.
Carla Bucero Lanzi